Gynécologie obstétrique & fertilité
ISSN : 1297-9589
2007 - Volume 35 - Numéro 1 - pp: 6-12
Quelle place pour la radiopelvimétrie au XXI e siècle?
Rozenberg
Le but de cet article est d'effectuer une analyse critique des
publications ayant évalué l'utilité de la radiopelvimétrie afin de
permettre des conclusions tangibles et utiles pour la pratique
clinique. La radiopelvimétrie a été proposée dans trois indications:
l'épreuve du travail parmi les patientes présentant un antécédent de
césarienne, la présentation du siège, la suspicion de disproportion
céphalopelvienne. Ces publications sont, pour la grande majorité, des
études rétrospectives portant sur de faibles effectifs et surtout sans
groupes témoins ou non randomisées. Leurs résultats contradictoires et
leurs faiblesses méthodologiques ne permettent pas de conclure. Les
essais randomisés publiés sont exceptionnels. Parmi les patientes
présentant un antécédent de césarienne, il n'existe qu'un seul essai
randomisé; celui-ci montre que la radiopelvimétrie ante-partum est
inutile avant une épreuve du travail, car elle est faiblement
prédictive de l'issue de l'épreuve du travail et augmente le taux de
césariennes. Il n'existe également qu'un seul essai randomisé sur
l'intérêt de la pelvimétrie en cas de présentation du siège: la
réalisation d'une pelvimétrie ne permet pas de réduire
significativement le taux global de césarienne, ni d'améliorer l'issue
néonatale. Elle présente cependant l'avantage de réduire le taux de
césariennes en cours de travail, et donc apporte un bénéfice maternel
dans la mesure où une césarienne élective est moins pourvoyeuse de
morbidité (voire de mortalité) qu'une césarienne en cours de travail.
Enfin, le seul essai randomisé ayant étudié l'utilité de la
radiopelvimétrie sur la prédiction de la disproportion céphalopelvienne
montre que la pelvimétrie présente une faible valeur prédictive sur
l'issue de l'accouchement, n'a pas d'influence sur l'état néonatal et
est pourvoyeuse de césariennes inutiles. Par ailleurs, bien que
l'exposition aux radiations ionisantes lors d'une radiopelvimétrie soit
très faible, il ne faut pas oublier que les radiations diagnostiques
augmentent le risque de cancer de l'enfance pour le fœtus irradié, quel
que soit le moment de la grossesse. Dans les rares cas où la
pelvimétrie est utile (épreuve du travail sur une présentation du
siège), il est alors prudent de recourir à l'IRM.
(Ca va en intéresser
)