sauver la vie de quelqu'un qui vous le reproche

Le jour de noel 99 (le soir de la tempête, en plus), mon grand père a fait une crise cardiaque, et j'ai appelé les pompiers. Du coup, il a eu la vie sauve, mais il a dû aller à l'hopital pendant des mois, on lui a fait des examens et des opérations, et quand il est finalement rentré chez lui, il était persuadé qu'il aurait dû mourir ce jour-là, que c'était son destin et qu'on l'avait empêché de mourir mais que, du coup, sa vie était pourrie: en effet, il a perdu en mobilité (mais il pouvait toujours marcher) et surtout, il a fait une énorme dépression qui fait qu'il ne trouvait plus gout à rien et tout l'emmerdait.

bref, j'ai du mal à me positionner par rapport à ça, ça fait drôle de "sauver la vie" à qq1 et de se le faire reprocher ensuite... (enfin, de toutes façons, toute la famille était présente donc je n'aurais pas appelé les pompiers, qq1 d'autre l'aurait fait )

Ca vous ai déjà arriver de sauver la vie à qq1 et qu'il vous le reproche. Ou plus globalement, de faire un truc pour qq1 en étant persuadé que c'est "pour son bien" et qu'ensuite, il vous le reproche?

Il souffre et cherche un coupable pour exprimer sa colère c'est difficile comme position pour toi tu pourrais concidérer que toi tu n'as fait "que" passer un coup de fil, que c'est les pompiers/médecins qui lui ont sauvé la vie et qu'il aurait été inhumain de ta part de le laisser sur le carreaux sans réagir, tu peux lui dire ça, non?

bah, tu sais, dans l'état où il est, je ne peux pas lui dire grand chose (il est vraiment au plus mal), je vais règler cette histoire avec moi-même, il a bien d'autres choses à s'occuper

En fait, je ne pense pas que je me sente *vraiment* coupable: j'aurais difficilement pu faire autre chose, de toutes façons, et puis, si je ne l'avais pas fait, qq1 d'autre l'aurait fait. C'est pas tellement la culpabilité qui me travaille, mais peut-être un peu, inconsciemment... En fait, je ne sais pas trop ce que je ressens vis à vis de ça

En tous cas, je ne sais aps si qq1 a vécu qqch de similaire, mais je trouvais ça intéressant d'en discuter

Bah Mamykro, tu n'as pas une boule de cristal hein! tu ne pouvais pas prévoir qu'il allait vivre si mal son sauvetage (puis, ça lui appartient) il y a des gens qui vont tellement être heureux d'avoir survécu, qu'ils vont pleinement profiter de chaque instant de cette seconde chance, tu n'es pas responsable de son ressenti et encore moins de l'évolution de sa santé

Mamykro, ma maman vit en ce moment quelque chose d'assez semblable : elle a appelé une ambulance quand mon père est tombé et s'est claqué la tête contre le carrelage. C'était il y a bientôt trois mois et il commence juste à sortir du coma. Nous ne savons pas encore quelles seront ses séquelles (il est probablement paralysé d'un côté, ne pourra certainement pas marcher, parler ? on ne sait pas...)

Elle a très peur qu'il lui en veuille s'il finit par se rendre compte de son état et de ce qui s'est passé. Mais, je vais te dire la même chose que je lui ai dit à elle : tu n'avais pas le choix ! Tu n'allais pas laisser ton grand-père mourrir sous tes yeux. Tu n'avais aucun moyen de savoir quelles seraient les conséquences de sa crise cardiaque et tu as fait ce qu'il fallait faire, c'est tout. Et comme dit Catherine, certaines personnes

Citation :

vont tellement être heureux d'avoir survécu, qu'ils vont pleinement profiter de chaque instant de cette seconde chance

S'il ne veut pas que la chose se reproduise, il peut peut-être signer un ordre de ne pas réanimer (ça existe en France ? ).

Peut-être aussi que ton grand-père est malheureux pour tout un tas de raisons autres et que c'est plus facile de t'en vouloir de lui avoir "gâcher sa vie""que d'aller chercher en lui ce qui ne va pas et comment changer les choses...

Continue à aimer ton grand-père, à le lui dire et à le lui montrer.

bon, d'un autre côté, il me l'a jsute reproché deux fois en 6 ans, hein, il ne me le dit pas tous els jours non plus. Mais bon, c'est vrai qu'il est très malheureux et dépressif

merci à vous!

peut-être qu'il ne se rend pas compte à quel point ça te touche?

j'en sais rien... De toutes façons, depuis sa crise cardiaque, il n'est plus tellement ouvert aux autres et dit facilement des choses très blessantes (genre il a dit à ma soeur qu'elle le faisait chier, alors qu'elle essayait de le distraire, et puis il a dit à ma mère que tout le monde le faisait chier). Ce n'est plus du tout le même, et souvent, je me dis qu'il aurait sans doute mieux vallu qu'il meure à noel 99

En tous cas, c'est triste de vieillir: perdre ses facultés physiques et mentales, c'est très dur, mais si, en plus, on perd sa joie de vivre j'espère que je n'en arriverais jamais à ce point là.

S'il est dépressif, c'est normal qu'il réagisse comme ça... J'ai été dépressive (mais plus maintenant c'est trop cool de s'en sortir, je vous dit pas !) donc j'ai été dépressive, et je me vois encore hurler après mon mari qui voulait m'empecher de me suicider... Il paraît que je lui ai dit des choses horribles, que je le haïssais, que j'en avais rien à foutre qu'il m'aime, puisque je voulais mourir, des trucs bien sympathiques de ce genre. Je vois tout cela dans un drôle de brouillard, j'étais comme en dehors de moi-même.
POur ton grand-père, le plus important, c'est qu'il soit bien soigné par un bon psy, et que son entourage soit très très patient avec lui. La dépression, c'est dur, mais si en plus sa mobilité est réduite, j'imagine le calvaire.

mon grand-père ne voit pas de psy, tu sais. Il a 85 ans, il n'a aucune envie de voir un psy, il dit qu'il est trop vieux et qu'il veut mourir. Il souffre bcp psychiquement bien sûr, mais aussi physiquement à cause de sa maladie.