Il sera toujours le bébé que je n'ai pas eu

j'avais 21 ans et étudiante infirmière, autant dire que j'étais au courant des risques que je prenais... je venais de rencontrer un gentil garçon qui est maintenant mon mari et le père de mon enfant.

quand j'ai découvert que j'étais enceinte, j'ai ressenti de l'effroi, une panique! j'en ai discuté avec mon ami et nous avons décidé que j'avorterai. Ca a été une période très dure, très noire.
J'étais à l'école d'infirmière et en stage en gynécologie... où je croisais des femmes à qui on enlevait l'utérus, des jeunes femmes qui ne pourraient jamais avoir d'enfant. Le remord, la culpabilité; j'ai éprouvé toutes sortes de sentiments pendant des années.
A cette époque aussi, j'avais commencé une psychanalyse pour me sortir des crises d'anorexie/boulimie et d'angoisse que je faisais depuis l'adolescence: ma folie, enfin ce que je considérais comme une folie.


J'ai mis 3 ans, 3 longues années à me dire que j'avais perdu un bébé, qu'il restera à jamais le bébé que je n'ai pas eu.

J'ai voulu un bébé très vite dès que nous nous sommes installés ensemble avec mon ami, mais lui n'était pas prêt. Je me rendais malade en regardant les femmes enceintes dans la rue, j'en rêvais la nuit et répétait à mon mari sans cesse "quand est-ce qu'on en fait un?" j'étais obnubilée par cette envie! Je ressentais toujours ce vide en moi, de ce bébé que j'avais enlevé. Ma grande soeur est tombée enceinte. Puis ma meilleure amie. Puis mon autre soeur. Et moi je crevais de jalousie...
Je pleurais dans les trajets en voiture, je pleurais la nuit, j'enrageais. J'étais bloquée dans mes pensées!

Nous nous sommes mariés et avons fait le projet d'acheter un appartement.

Puis un jour, mon mari m'a dit qu'il était prêt. A ce moment là, j'ai achevé le deuil de cet IVG. J'ai pu passer à une autre histoire.

A présent, j'ai un enfant plein de vie qui respire le bonheur.

Mais je garde toujours dans mon coeur une place pour ce bébé dont j'avais tellement envie mais que j'ai voulu protéger de ma folie.

J'avais besoin de l'écrire, depuis longtemps. Merci de m'avoir lue.

c'est parfois si dur de trouver quoi dire...

Oh combien je te comprends pour avoir vécu quelque chose d'un peu similaire!
dans l'ordre chez moi ça donne à peu près: IVG, psychanalyse, dépression, fausse couche, dépression, IVG, dépression...
(sans parler des séparations, déchirements, déménagements....)
et puis un jour STOP, on arrête tout, on se reconstruit, pas à pas doucement...
et maintenant j'ai deux beaux bébés!!!! (dont une qui m'appelle à grands cris...)


PS:petite pensée pour le livre "De mémoire de foetus" d'Edmée Gaubert
https://aunaturel.1fr1.net/viewtopic.forum?t=188&highlight=

plein de bonheur à toi et ta petite famille

merci à toutes, tous vos messages me font chaud au coeur
Vous êtes si généreuses...
c'est parce que vous êtes si ouvertes, si généreuses que j'ai pu m'ouvrir à vous raconter cette partie de mon histoire.
merci

on est là pour te comprendre, pas pour t'enfoncer, et encore moins pour te juger !

Bien dit, Bagh!
Je m'étais fait allumer dans un (l'...) autre forum sur un sujet similaire, enfin c'est du passé...

je reprends aujourd'hui cette histoire qui n'est pas finie.
J'ai enterré symboliquement ce bébé il y a quelques mois. David a pu s'épanouir et trouver sa vraie place dans la fratrie. Je suis heureuse pour lui. Je suis heureuse pour nous, pour notre famille qui a reconnu l'existence de ce bébé, mort il y a onze ans.

mon corps et mon coeur le reconnaissent. Il sera toujours là.

C'est du pur bonheur de relire ce post depuis le début et de voir le chemin parcouru
Bravo à toi Bouda, et

Ce post est un peu vieux déjà, mais je voudrais te dire, si tu lis ceci, que ton enfant est au ciel (non ce n'est pas une belle façon de dire les choses mais une réalité). Il y a un petit gamin qui avait probablement été mort et est revenu à la vie peu après, et qui a vu au ciel sa soeur que la mère a perdu en fausse couche. La maman n'avait jamais dit au garçon qu'elle avait perdu un bébé car il n'avait même pas encore 4 ans... Donc si toi aussi tu vas au ciel, tu vas faire sa connaissance! Je ne pense pas avoir le droit d'approfondir, mais si toi tu veux en parler plus, voici mon mail: murielle_lemvoka-raskin@hotmail.com