J'ai mis le temps à le rédiger, ce récit, mais c'est fait ! et c'est long, désolée pour celles qui auront le courage d'aller au bout, mais la naissance a été longue aussi
Je vous le livre tel quel, vous verrez que nous sommes loin des superbes récits d'AAD, mais c'est l'histoire de Perline, et à ce titre, il est et restera beau, mais si certaines choses ont été dures à admettre..
Je tiens à préciser que depuis, j'ai fait des démarches auprès de la mater, pour manifester mon mécontentement devant l'organisation durant les jours fériés/dimanche...cela ne servira pas à grand chose, mais je me devais de le faire pour toutes celles qui accoucheront là bas un jour...
Mercredi 16 mai, dès le réveil, je note un changement dans mon état : bébé est descendu, et surtout, je perds le bouchon muqueux dès que je mets un pied par terre.
Chéri part au travail, je ne suis pas très contente, car je découvre qu’il y est seul pour la matinée, et je sens, je sais que les choses se précisent.
Toute la matinée, les contractions se succèdent, la douleur est très supportable, j’entre doucement en travail
. L’après midi, je décide d’aller à la bibliothèque avec Flora, comme chaque mercredi…nous prenons la voiture, et en avant. Au retour, les contractions sont toutes les sept minutes. Je passe de longs moments sur le ballon de gymnastique, je marche beaucoup dans le jardin, et pour finir, je prends un long bain.
Entre temps, Chéri est rentré, et suit la progression avec attention.
Nous décidons de partir à la maternité, à 40 km, vers 21h.
Là bas, nous sommes reçus par une jeune sage femme de 26 ans, toute fraîche sortie de l’école, qui nous affirme que je suis en faux travail, et bien loin d’accoucher. Elle nous renvoie à la maison, avec des cachets – suppositoires pour faire cesser les douleurs- le monito ayant quand même montré que je contractais bien.
Nous sortons de là, à minuit, complètement déprimés. Je verse même une larme, je suis à bout physiquement et moralement, et cet entretien, assez sec, me laisse un goût amer
De retour, je me couche, et peu à peu les contractions se précisent…jusqu’à 7h, j’attends, notant qu’elles sont toutes les quatre minutes, mais me répétant que c’est « du faux travail ». Nous partons à la maternité à nouveau, Chéri s’arrête à chaque contraction tant j’ai mal. Arrivé sur place, la sf de garde m’examine, et souriante, nous annonce que je suis à 4. Je vois les yeux de Chéri se mouiller, ça y est, c’est aujourd’hui que nous allons rencontrer notre chardonerette !
La sf nous précise de suite qu’étant un jour férié, si je souhaite une péridurale, il faut le dire immédiatement… nous hésitons, d’un côté, je suis à 4, de l’autre, j’ai mis 24h à y arriver, ce qui rappelle le souvenir de la naissance de Flora, qui a été si longue. D’un coup, et malgré moi, je tranche. Je prends la péri. En même temps, j’ai conscience de trahir mes convictions, de faire un formidable bond en arrière, mais j’ai à l’esprit l’idée que le bb à venir est gros, et une angoisse latente qui me pousse à prendre cette anesthésie. Chéri appuie ma décision, lui qui espérait tant une naissance "au naturel"
Aussitôt transférée en salle de naissance, j’attends l’anesthésiste, qui est en opération d’urgence. (Dans nos campagnes, il y a un anesthésiste pour tout l’hôpital.)
On me pose la péri à 7, je suis tout de même contente, car le travail jusque là s’est fait naturellement, et j’ai géré ma douleur.
Il est midi, je suis à 9 et quelques de dilatation, apaisée, notre fille devrait naître dans l’heure qui suit…
Soudain, le téléphone des urgences de la sf sonne. Un hélicoptère décolle, avec à son bord une femme enceinte de 31 semaines, qui perd du liquide amniotique et du sang. Du fait des mauvaises conditions climatiques, et malgré le fait que la mater ne soit pas équipée pour ce type d’urgence, la maman va arriver à Mende. Les choses s’accélèrent, la sf est réquisitionnée pour cette arrivée, je suis à 10, poche des eaux non rompue, et je me retrouve seule avec Chéri et l’aide soignante.
L’attente commence.
A 14h, la péridurale cesse d’agir d’un côté, décuplant la douleur de ce côté-là. Je plonge dans un univers parallèle, pendant deux heures, je souffre, je me replie sur la douleur, perdant conscience du temps qui passe, des gens qui m’entourent…seule la main de Chéri me relie au monde. L’anesthésiste cherche à me soulager, et ce n’est qu’à la troisième dose de péri que je me calme un peu. Le côté déjà endormi ne répond plus, sur endormi qu’il est, l’autre est douloureux de façon acceptable…
Entre temps, j’ai pris sur ma douleur pour dire ce que je pense de la situation à l’anesthésiste, je souligne agressivement le fait que notre fille est prête à naître depuis deux heures, ce qui aurait rendu ces doses d’anesthésie inutiles. Et je râle sur le fait d’avoir demandé une péri. Si c’était pour souffrir, autant ne pas avoir dans le sang de substance chimique.
16h : la sf arrive, et déclare qu’elle va rompre la poche des eaux. Je lui fais part de mon appréhension, une drôle de sensation. Elle regarde, et découvre que la poche est descendue en partie dans le vagin, et que l’enfant est plus qu’engagée dans le bassin…
Après avoir été dérangés trois fois, ce qui fait que cette salle de naissance ressemble à une scène de théâtre avec ses portes qui claquent, ces acteurs qui entrent et qui sortent, le plus souvent sans même nous regarder (ce qui a obligé la sf à quitter ses gants et poser son matériel…), on rompt enfin la poche. J’ai eu le temps de choisir ma position. Je suis certes limitée par tous les fils qui me relient aux machines, mais je peux tout de même me mettre en position assise.
Je ne ressens aucune envie de pousser, la péri est trop forte. La sf doute de plus en plus que l’enfant vienne au monde par voie basse, elle trouve le bb gros et commence à flipper. De mon côté, je la sais très engagée, donc je suis persuadée de la faire naître par voie basse.
Je commence à pousser, guidée par la sf qui suit les contractions sur le monito.
Elle est très étonnée car même sans rien sentir, je pousse très bien. En trois poussées, l’enfant est là, tellement rapidement que la sf n’a pas même le temps de faire passer les épaules l’une après l’autre. Cela me vaudra une déchirure cutanée et vaginale.
Toute étonnée de la rapidité de la naissance, je reçois Perline sur mon ventre à 16h58. Elle est toute brune, et ses traits me rappellent ceux de sa sœur. Elle pleure doucement, je sens une grande chaleur m’envahir, Chéri, penché sur nous, est tout aussi ému.
La sf, qui a bien lu notre projet de naissance, laisse le cordon cesser de battre, ce qui nous laisse le temps de faire connaissance avec notre Perline.
Le cordon est alors coupé par Chéri, et Perline part pour ses premiers soins, réduits au minima comme noté sur le projet de naissance. Chéri la suit, je les vois depuis la table d’accouchement. Je me sens apaisée, je regarde mes deux amours en pensant à Flora, restée avec mes parents...
Pendant ce temps, la sf me demande de pousser pour expulser le placenta. Je m’exécute, celui-ci sort, mais les membranes sont restées à l’intérieur. Je comprends alors pourquoi ma petite voie intérieure m’a conseillé de prendre la péri, alors que je ne la souhaitais pas au prime abord. Il va falloir faire une révision utérine, et cette péri permet de ne pas partir en anesthésie générale. La sf demande à Chéri de sortir, et lui qui d’habitude ne me quitte pas quel que soit l’acte s’exécute.
La sf va donc chercher les membranes dans l’utérus. Je sens ses doigts qui gratte la paroi, je la sens en moi qui s’agite, la sensation est peu douloureuse (merci la péri !!) mais tellement désagréable. Il lui faudra s’y reprendre à trois fois pour tout sortir. La nuit suivante, je cauchemarderais sur cet acte si détestable.
Plus tard, le personnel me dira que je les ai épaté par mon calme et ma façon de gérer, alors que j’ai eu l’impression de subir cet acte sans rien gérer du tout.
Je suis recousue car les déchirures saignent trop pour rester telles quelles, avec un fil à résorption lente (6 semaines) en espérant éviter ainsi l'allergie aux fils du précédent accouchement.
C’est fini, je quitte la salle de naissance, Chéri tenant Perline dans ses bras. Elle est là, elle est née, et plus rien d’autre ne compte !
La demoiselle a refusé catégoriquement de téter depuis sa naissance, mais elle se rattrapera la nuit suivante et les jours à venir.
Perline, petite perle de rosée du mois de mai, tu étais si attendue…tu combles de bonheur tes parents, tu hisses au rang de grande sœur notre petite Flora, et grace à toi, nous formons une belle famille !!
Merci la vie !!
Pour la petite histoire, j'ai fait allergie aux fils, mais j'ai refusé catégoriquement de remettre les pieds à la mater
. C'est Chéri qui a eu la délicate mission de les ôter pour les extérieurs...et depuis, je me sens bien