Remettons les choses en place : tout d'abord j'ai été en menace d'accouchement prématuré, restée allongée plus d'un mois car soi-disant mon col ne tiendrait pas. A 36SA, j'ai enfin pu bouger, à 41SA je n'avais toujours pas accouché. Pourtant à chaque visite tout le monde me serinait "Tu ne tiendras pas le week-end" et autres joyeusetés. J'étais suivie par une sage-femme libérale, je n'avais aucune inquiétude, mon accouchement était sensé se dérouler au mieux. Mais depuis des jours, depuis le jour où je me suis remise à bouger, en fait, j'avais de fortes douleurs (contractions violentes et inefficaces) qui m'épuisaient et devenaient de plus en plus insupportables. La SF devant partir en congé deux jours après, on convint finalement de déclencher à 41SA et 2J, pour huit heures du matin, si bébé n'avait pas décidé d'arriver avant... et le concours de circonstances commença.
La veille du jour J, mes contractions devenant de plus en plus rapprochées et douloureuses, je décidai d'appeler la SF, en désespoir de cause, afin de voir si on pouvait faire quelque chose "naturellement". Il était environ deux heures du matin, je n'avais pas dormi. Après diverses tentatives (marche, décollement, etc...) toujours rien. Finalement, à environ six heures, on décide de partir, il ne servait à rien d'attendre deux heures de plus. J'étais déjà épuisée...
Nous arrivons à la maternité, ma soeur est avec nous, et c'est parti pour la pose de la perf. de syntocin. On va tenter de régulariser ces méchantes contractions. Deux heures devraient suffire, ensuite on pourra arrêter car "avec le col que j'ai, le travail devrait s'ensuivre tout naturellement". J'ai la phobie des aiguilles, pour moi l'horreur a commencé là, mais je finis par me calmer. Effectivement ça fonctionne très bien, tout est régulier désormais. Je gère bien pour le moment, je me promène dans les couloirs, j'écoute de la musique, je papote avec ma soeur. Les contractions augmentent, la douleur avec, je suis totalement épuisée, mais je tiens bon.
On tente le ballon, car il faut faire bouger tout ça. Nous appelons le papa pour savoir s'il compte venir. Ses réflexions me font mal, à priori il ne viendra pas... je fonds en larmes, je craque, et la douleur qui s'intensifie, s'intensifie... j'ai mal.
A midi ? Treize heures ? Toujours rien... le col n'a pas bougé. Il faut faire quelque chose, je ne tiendrai pas éternellement comme ça, je suis trop fatiguée. On décide de percer la poche, il faut accélérer tout ça. "Ca ne fera pas mal"
Effectivement je ne sens rien. Je sens un liquide chaud qui s'écoule de moi abondamment. Et là ça devient la torture : une douleur fulgurante, insoutenable, écartelante, inhumaine. Ha finalement, si j'avais su ! Ce n'était pas si terrible en comparaison, ce qu'il y avait avant. Je hurle comme jamais je n'ai hurlé. Je pleure, je crie, je souffre comme jamais je n'ai souffert. Mon téléphone sonne, ma soeur répond. C'est Lui. Finalement il demande où est la clinique. Il va venir. Légère lueur dans les ténèbres. Et ça s'enchaine, j'ai très peu de temps pour souffler entre deux. Vingt, parfois trente secondes, peut-être une minute rarement ? Et la violence de cette douleur...
Il faut marcher, mais comment ? J'ai trop mal, comment bouger ? Et je suis tellement, tellement fatiguée... je n'ai plus de force, je suis à bout. Et Il arrive enfin. Il est gêné, il se met dans un coin de la pièce, et moi je n'en peux plus de cette douleur. Je commence à dire que je vais finalement craquer pour cette maudite péri. On me reprend, "Non tu es plus forte que ça, tu vas y arriver" Je tiens encore un peu, mais non... je n'y arrive pas, je n'arrête pas de dire que je ne vais pas y arriver, je vais la prendre...
Deux, trois heures (?) ont passé depuis que la poche a été percée, mais là c'est pire que tout, l'épuisement, l'abattement, le découragement, tout prend le dessus, je n'ai plus la moindre force, je suis une loque incapable de remuer, dans les bras de la SF, mes jambes ne me soutiennent plus, j'arrive à peine à parler, à peine à souffler... la douleur me submerge : je la demande vraiment.
(A ce moment j'étais à 6 ou 7 de dilatation, j'aurais du tenir bon... il ne restait plus très longtemps après tout ça)
La SF s'en va, au bout d'un moment elle revient avec l'anesthésiste, la péri est posée, j'étais dans un tel état que je n'ai même pas bronché. Et là les douleurs s'effacent. Je peux souffler. Je peux parler. La SF ne peut pas rester, c'est le gynéco qui va prendre le relais... (J'aurais du exiger qu'elle reste, je ne l'ai pas fait... je n'y ai même pas pensé...) Je m'endors à moitié, je reste couchée sur le lit (péri oblige....), je parle avec Lui. Lui seul peut rester. J'ai mal, quelque chose appuie, une sensation de poussée. C'est douloureux... mais je dois attendre. Cette sensation s'amplifie, s'amplifie. Après plusieurs vérifications infructueuses, je suis finalement à dix. Il va falloir pousser. On installe les pieds dans les étriers, je ne peux même pas me mettre de côté "Désolé, je n'ai pas appris comme ça" me répond le gynéco... Et je pousse, du moins j'essaie. Et rien, rien du tout. J'ai toujours mal. C'est au niveau du bassin je suppose. Je pousse, je m'épuise, rien. Je continue, cela commence à être efficace, mais ce n'est pas grand chose. Bébé regarde vers le ciel, le gynéco va devoir faire une manipulation, et vas-y que je trifouille à l'intérieur pour retourner tout ça... et j'ai mal, j'ai mal, j'ai mal (d'ailleurs je n'arrête pas de le répéter). On voit ses cheveux. Cela me motive un peu plus, je pousse plus fort... Je sens Sa main sur mon bras, une caresse sur ma joue, cela me permet de ne pas perdre pied. Merci, merci, merci mon Amour. Et je re-sombre. Il va falloir couper, car je n'y arriverai jamais. Ce que je répète aussi. Et vas-y que je coupe, et vas-y que je sors les forceps, brr c'est si froid et si dur... Je vois sa teste. Je continue à pousser, encore et encore, je n'ai plus de larmes et pourtant je pleure. Et je crie, avec une petite voix, tant mon épuisement est immense. Quand en verrai-je le bout ?? Ce n'est toujours pas suffisant, il va falloir appuyer, Monsieur voulez-vous participer ? Les sages-femmes et lui, cela fait trois personnes qui me pressent le ventre. Je pousse, je pousse, je me sens écartelée, c'est atroce, je le vois, il est là, je pousse encore, j'ai mal, si mal ! Et finalement, à 19h35, Maël voit le jour. On me le pose, rouge et chaud, sur le ventre. Je n'ai même plus de larmes pour pleurer. Et pourtant je suis si émue. Mais tellement mal...
Le cordon est coupé (comment ? Par qui ? Trop ailleurs pour me rendre compte) On l'emmène juste derrière moi, et pendant ce temps le gynéco s'occupe du placenta (que fait-il ? Je ne sais pas, je n'en sais rien, trop ailleurs toujours) Et là (ou avant ? Je ne me souviens plus) je commence à entendre tout et tout le monde de loin, de plus en plus loin, je le dis, puis je commence à avoir froid, de plus en plus froid, ce que je dis aussi. Je me sens partir. Dans mon for intérieur je me dis "Ce n'est pas grave, Maël est né, et son père est finalement là, je n'ai plus rien à faire ici, je peux m'en aller..." mais non, je reviens, j'entends, je sens la chaleur. (Apparemment j'ai fait une belle hémorragie, ce doit coïncider avec ce moment)
Je réclame un anesthésiant pour les points, je n'arrête pas de le répéter, j'insiste. Le gynéco me recoud. Je suppose qu'il l'a mis.
Après un bain et un habillage par le papa (pourquoi si tôt ?) on me repose Maël sur le ventre, et il est mis au sein. Moment paisible. Enfin...
(...)
Suite à cela se sont enchaînées nouvelle pose de perf pour du fer (et re-crise) qui a donné lieu à une jolie veinite (Quand je disais que j'avais mal "Mais vous vous écoutez ma p'tite dame, moi trois heures après ma césarienne je gambadais, c'est une excuse pour ne pas vous occuper du bébé" et du coup vas-y que je force sur mon bras et douleur +++), un bel hématome au niveau de l'episio, et débris de placenta dans l'utérus + infection (donc douleurs terribles pendant un mois et demi avant intervention sous AG : curetage.. ) : Merci monsieur le gyneco... !
Je ne regrette qu'une chose, ne pas avoir EXIGE que ce soit la SF qui continue à s'occuper de moi. Ne pas y avoir pensé... tout aurait été différent. Mais voilà, ce qui est fait est fait, et devait être fait. J'aurai au moins senti Sa main sur ma joue...