Alors que nous avons cru très longtemps que tu viendrais en avance, finalement c'est à terme que tu es né. Quelle longue attente ! Pourtant depuis Noël, j'ai des contractions nombreuses, des « faux » travails qui me font partir de la maison 1 mois trop tôt ! Tu es bien engagé déjà depuis la mi décembre et je fatigue tellement vite !
Mais non rien à faire, les jours passent, ton Papa a pris les 15 jours de vacances que nous avions prévu pour ta naissance et les voilà finis, et tu n'es toujours pas là ! je commence à désespérer, j'ai peur qu'il faille aller te chercher, j'ai peur et je ne comprends plus mon corps ! Nous sommes déçus et nous nous en voulons, car maintenant quelle galère !
Lundi 24/01/2011, je me réveille de bonne humeur, bizarrement après tous ces jours d'angoisse. J'ai décidé que je ne peux pas continuer comme ça à être aux bords des larmes sans cesse. Tu ne mérites pas ça, de sentir mon angoisse et mon stress tout le temps. Aujourd'hui je me consacre à toi, je ne pense qu'à toi, je te parle je te chante, je pose mes mains sur mon gros ventre sans arrêt, te caresse et t'envoie tout l'amour possible.
Ce soir j'y crois... encore une fois ! J'ai demandé à ton Papa de rentrer ce soir. J'enchaîne 1h30 de contractions toutes les 5min. Mais dès que je m'allonge avec ta grande soeur pour l'endormir c'est foutu, tout mes espoirs s'évanouissent.
Mardi, je demande à J. ma SF de passer me voir. Pour la 1ère fois je lui demande de m'examiner.
Mon col est ouvert à 1 doigt. Elle me rassure, tu as de la place, ton coeur va bien, tu bouges toujours autant, bref tu es en pleine forme.
Mercredi 26, la journée est calme. Il fait moche et on regarde des DA avec ta grande soeur, j'essaye de ne pas retomber dans l'angoisse, mais demain j'ai la visite de contrôle à faire à la mater...
J'ai aussi peu de contractions que possible aujourd'hui. Chipoun s'endort en tétant pour sa sieste, c'est « la dernière » mais je ne le sais pas encore.
J'appelle une copine, j'ai besoin de papoter pour ne pas me laisser resubmerger par l'angoisse. Elle me dit que tu es surement un p'tit mec pour n'en faire qu'à ta tête comme ça. On rit. Ces derniers temps, j'ai moi aussi l'impression que tu es un garçon. E. s'impose très fort dans mon esprit. Je me sens très sereine à cette idée alors qu'au début j'avais peur de ne pas savoir être mère d'un petit garçon.
Chipoun se réveille très tard de sa sieste. Elle a dormi 3h ! Je l'habille pour aller mettre les poubelles aux containers, qu'on prenne au moins l'air 5min.
Sur le chemin, tiens j'ai quelques contractions. Bon je n'y prête plus attention. J'en ai tellement eu...
En rentrant j'appelle tes grands-parents pour les remercier de la galette des rois qu'ils m'ont faite. Je me lève pour aller remettre le téléphone. Poc. Ca tombe ? C'est chaud ?? Ca coule !!!Hé je perds les eaux !!!Youhou !!!
Joie, excitation, ça y est, enfin, nous allons nous rencontrer ! Il est presque 18h, j'appelle J. direct. Je n'ai pas de contraction, nous convenons de nous rappeler vers 20h. A 19h, j'appelle ton Papa qui finit le boulot. Je lui dit en riant : ça y est ramène tes fesses et vite, c'est pour ce soir ! Il est sceptique. Je lui dit que j'ai perdu les eaux ce qui suffit à le convaincre ! Je commence à avoir quelques contractions mais rien de bien extraordinaire. Puis juste avant de rappeler J. j'en enchaîne 4 en 5 min qui m'impressionnent un peu par leur puissance. J. me demande si je veux qu'elle vienne maintenant, j'hésite puis je lui dis que oui car je suis encore seule avec ta grande soeur et j'ai l'impression que ça va être vite difficile de gérer les contractions et Chipoun en même temps.
Je lis une histoire à ta grande soeur et finalement je me mets à chantonner à chaque contraction. Elles sont déjà très puissantes et ça me déstabilise. Je lui dis que ça y est cette fois c'est bon le bébé est en route et arrivera surement cette nuit pendant qu'elle dormira. Du coup elle voudrait aller se coucher tout de suite ! Elle a tellement hâte que le bébé soit enfin là ! Je lui dit qu'elle ira avec Papa quand il sera là. Je suis bien incapable de me coucher maintenant. Je commence à me vider sur les toilettes. Les contractions de début de travail sont toujours très laxatives chez moi ! J. arrive, je suis soulagée parce que je commence à galérer un peu. Ton Papa arrive dans la foulée. J. m'examine rapidement, et écoute ton coeur, tout roule. Je suis fatiguée tout d'un coup, je resterais bien là sur le lit, j'ai envie de dormir ! La contraction suivante m'en dissuade ! Allez debout ! Il est 21h et j'ai envie que tout soit prêt. Là j'ai besoin de plonger dans le travail, je veux m'installer sur les matelas prêt du feu que P. vient d'allumer. J. et ton Papa installent donc tout ça, matelas, bâches, draps... Pendant ce temps là, je m'asseois sur le ballon.
J'ai chaud, j'enlève pantalon et t-shirt qui m'entravent et enfile un débardeur. Les contractions s'accélèrent, ça va vite et ça fait mal ! Très vite je ne sais plus comment me mettre, je m'installe à genoux devant le canapé, et attrape le ballon pour m'appuyer dessus. Ton Papa tente de manger sa pizza entre 2 contractions, mais elles sont tellement rapprochées qu'il n'a pas vraiment le temps. Moi ça me gonfle, j'ai envie de lui dire qu'on a franchement autre chose à faire, mais je ne suis même pas capable de parler. J'ai très soif et c'est la seule chose que je suis capable de balbutier : soif, veux boire. J'ai mal, les contractions ne me laissent aucun répit ! Pas le temps de se reposer que la suivante est déjà là. Ton Papa « m'enveloppe » entre ses bras et ses jambes, me serre fort et ça fait un bien fou. Je fais des ohhh et des hmmmmm qui vibrent et m'aident. Je le savais mais j'en mesure le bienfait, c'est vraiment le seul son qui soulage et qui agit pour aider le corps à s'ouvrir !
C'est tellement intense et dur mais je me rassure en me disant que ça devrait aller très vite aussi !
Depuis le début je visualise mon col qui s'ouvre et ton avancée vers la sortie. Je sens déjà que ça commence à « pousser »
Ta grande soeur fait de fréquents allers-retours entre le dessin-animé et la salle. Je ne crois pas qu'elle soit trop inquiète car nous l'avions assez bien préparée au cas où. Et heureusement. Mais elle pose des questions et veut savoir ce qu'il se passe. J. monte même avec elle à un moment pour essayer de la motiver à rester devant son DA. Mais peine perdue elle redescend toujours.
-Elle fait Ho-hisse, Maman ? Ben oui tu sais comme on t'avais expliqué, elle pousse pour aider bébé à sortir.
Et me voilà à accompagner la contraction suivante d'un beau hooooooo et hisse sur la fin de la contraction pour lui montrer. Ce qui je crois a fait rire tout le monde !
J'aurais voulu qu'elle dorme pour ne pas avoir à m'en tracasser et plonger plus facilement dans le travail mais tout va trop vite et c'est impossible que ton Papa ne me laisse pour aller la coucher.
J. écoute ton coeur et cela me gêne en fait, j'ai envie d'enlever sa main plusieurs fois. Je sens que tu arrives maintenant et j'ai l'impression petit à petit d'être écartelée. Ca fait mal et je n'arrive plus à rien faire d'autre que d'haleter et gémir. Je pleure presque. J. me dit que tu arrives et que je peux sentir ta tête maintenant. Et c'est... merveilleux ! Je caresse ta petite tête, c'est un peu visqueux bien sûr mais si chaud et doux ! Puis revoilà une contraction et j'ai mal, j'ai mal, je m'agrippe de toute mes forces à la housse du canapé. Je crois (ou je l'ai fait ?)que j'ai failli mordre l'avant-bras de ton Papa qui me serre si fort et ça fait tellement de bien !
Puis je sens ta tête qui est là et j'oublie tout jusqu'à la contraction suivante. L'envie de pousser est puissante et avec la douleur je crois que je bloque tout en essayant d'en finir plus vite.
J. me chuchote quelque chose comme « laisse sortir ton bébé tout seul, laisse le venir si tu peux »
Alors oui, je sens comme ça s'ouvre, je relâche tout, mes muscles relâchent aussi, et tu sors, tu avances tout seul et c'est magique !!!
Puis dans une dernière poussée, dans un grand flouch de liquide amniotique, il est 22h23, te voilà !
J. te fait passer sous moi et là je te découvre tout entier sous moi qui suis toujours à genoux. J'aperçois ton zizi à côté du cordon et ça me fait rire ! « C'est un petit garçon ! C'est E.! »
Oh mon bébé, je suis heureuse, heureuse ! Je t'attrape et te prends dans mes bras, tu es tout glissant. J. te passe une serviette toute chaude autour de toi. Que tu es beau! Tu pleures un peu, quel naissance, si intense mon bébé ! C'est alors que Jeanne se met à pleurer elle aussi, elle s'inquiète pour toi. « Mais pourquoi il pleure le bébé ? » Oups pour du coup nous n'avions pas pensé à lui parlé de cette possibilité ! Ton Papa s'occupe de lui expliquer et de la rassurer pendant que je m'allonge, Bébé tout contre moi.
Encore une fois si on avait pu s'arrêter là !
Mais non comme pour Chipoun la suite est gâché par l'hémorragie de la délivrance que je fais. J. s'empresse de me perfuser, et d'appeler les pompiers. Elle s'apprête à me faire une révision utérine puis finalement l'hémorragie s'arrête. Le médecin du smur arrive en premier, puis les pompiers. Tout se fait dans le calme et P. a le temps d'expliquer à ta grande soeur ce qu'il se passe, si seulement elle avait pu être couchée cela aurait été un stress de moins à gérer tout de même. Les pompiers me transfèrent sur le brancard, bébé toujours en peau-à-peau sur moi. Chipounette pleure un peu au moment ou nous devons partir, elle me fait un bisous rapide mais tout ces gens l'impressionnent. P. reste à la maison avec elle pour prendre le temps de lui ré-expliquer tout ça. J. m'accompagne. Pendant le trajet les contractions se font plus fortes, j'essaye de pousser à chaque fois mais rien à faire le placenta ne sort pas. Nous arrivons à la mater. L'aux-puer prend mon bébé pour le peser, pendant qu'on m'examine. Ils vont chercher l'anesthésiste pour la révision utérine. Les contractions se font plus fortes pourtant, je sens qu'il ne faudrait pas grand chose car le réflexe de pousser est revenu. Et ouf enfin une dernière contraction bien forte me permet d'expulser ce placenta. Merci mon Dieu, adieu l'anesthésie ! L'aux-puer me rapporte mon loulou, elle l'a lavé car il a expulsé son méconium pendant le trajet et comme nous ne lui avions pas mis de couche, il en avait partout et moi aussi par la même occasion ! Elle l'a pesé, 4kg130 ! Ah oui quand même ! 1Kg tout rond de plus que sa soeur!
Voilà ensuite je vais être transfusée et passer la nuit en observation, mon bébé toujours en peau-à-peau. Globalement le personnel aura été très sympa avec nous, heureusement. Je suis triste de ne pas avoir pu vivre cette naissance complètement à la maison et de ne pas avoir pu profiter de te découvrir tranquillement dans la douceur de la maison... mais bon au moins j'ai évité l'anesthésie et la séparation d'avec toi.
Sujet: [AAD] naissance de mon ptit loup! 
