Quand deux fées réalisent les rêves……………17 août 2006 21h : Premières contractions. Je sais que Claire arrivera au plus tard ce w-end… Je me dépêche de terminer ma valise.
21h30 : Tout à coup, alors que je viens d’aller faire pipi, je sens du liquide couler entre mes jambes, et de plus en plus jusqu’à être inondée. Voilà ça y est, on ne peut plus faire demi-tour ma puce sera là endéans les 24h. Un vent de bonheur m’envahit alors… C’était mon vœux le plus cher : que mon bébé puisse choisir le jour de sa naissance ! Tout ce liquide chaud qui vient de mon ventre ! C’était exactement comme cela que je me voyais partir pour accueillir mon bébé d’amour… Soudain je revois ma pelvimétrie sur la table. C’est vrai qu’elle est toujours en siège complet ! Je deviens folle, je tourne en rond… Il faut donc que je prenne ma pelvimétrie avec moi car Josiane ne l’a pas vue puisque j’allais demain la lui montrer… Et si !..... Et si elle me dit que ce n’est pas bon !?! Les chiffres me paraissaient corrects. MAIS il y a cette épée de Damoclès qui pend au dessus de mon ventre…. Après deux césariennes dont une pour siège sur bassin limite, qu’est-ce qui est correct et qu’est-ce qui ne l’est pas ??? Je pars un peu angoissée et répète à mon mari dans la voiture : »je ne veux pas de césarienne ! j’ai peur ! » Mon mari me rassure et moi j’essaie de penser à mes grands loulous qui sont fous de joie et d’impatience et aussi à ma petite puce qui sera là dans les prochaines heures.
21h40 : J’arrive en salle de naissance. La sage-femme qui m’accueille est très gentille, très douce et me rassure en me disant que pour elle la pelvimétrie est bonne mais qu’évidemment c’est ma gyné qui décide. Je me sens alors bcp plus confiante et bcp plus sereine…. Elle me demande ensuite si je veux qu’Evelyne vienne de suite mais comme les contractions ne sont pas vraiment douloureuses et que mon col n’est encore nulle part je préfère laisser Evelyne dormir encore car la nuit s’annonce très longue…
18 août 20060h00 : Nous nous disons mon mari et moi que voilà enfin la date de naissance certaine de notre troisième enfant… Quel bonheur ! Un troisième petit lion dans la famille et deux jours avant l’anniversaire de Line !
Dans la nuit : Mes contractions deviennent plus douloureuses mais très courtes et peu régulières, je m’en rends compte moi-même et profite aussi pour dormir quand elles sont plus espacées. Je vais aussi un peu dans le bain mais là mes contractions se sont carrément arrêtées….
Vers 3-4h : Je ne suis qu’à deux doigts. Je demande alors si Evelyne peut venir car je commence à avoir un peu peur surtout que je connais l’enjeu…sans travail spontané, pas d’accouchement !
Vers 4-5h : Evelyne arrive. Je me sens tout de suite mieux… Il ne peut rien m’arriver entre les mains d’une sage-femme, de Ma sage-femme à moi, celle que j’ai choisi, qui me connait, qui connait mes désirs par rapport à cette naissance. Evelyne me rassure, me fait rester en contact avec mon bébé, elle me masse le dos ce qui me fait un bien fou aussi…
Vers 8h : Evelyne m’examine : 2 doigts toujours (si mes souvenirs sont bons)… Josiane demande qu’on mette le monito afin de voir où en sont mes contractions. Je sais que je ne suis toujours pas en travail, je le sens, mes contractions sont trop brèves et toujours pas régulières… Evelyne prononce alors le mot « CESARIENNE »… Non ! pas avec Evelyne et Josiane !! Je ne veux pas, je ne peux pas !! Il faut que j’accouche, c’est dans l’ordre des choses, c’est comme cela que ça doit aller ! Mon bébé ne naîtra pas en salle d’op. je refuse cela !!!! Mon corps écoute-moi, mon bébé aide-moi, toutes les deux on y arrivera, il le faut !
Vers 9h : Mes contractions deviennent enfin plus toniques, plus régulières, plus douloureuses évidemment. Mais quel bonheur de vivre ça ! C’est mon bébé qui arrive… Je veux sentir chaque contraction car chacune d’elles me mènent plus près de mon bébé. Josiane passe me voir et m’encourage elle aussi… Sans mes deux fées je ne serais pas là où je suis. Personne d’autre que Josiane ne m’aurait laissé cette chance et accordé une telle confiance !
Vers 10-11h : Mes contractions me font de plus en plus mal mais Evelyne et mon mari sont là, il ne peut donc rien m’arriver. Je n’ai qu’à me laisser emporter par ces vagues de douleur qui me ramènent à chaque fois au plus près de mon bébé. Dilatation : 3-4 cm (je pense que le 4 était surtout pour m’encourager
).
Vers 12h : Evelyne me quitte un peu pour aller manger. Là je me rends compte à quel point sa présence est encore plus importante que je ne l’imaginais… instantanément mes contractions sont plus douloureuses et malgré la présence de mon mari qui me soutient au mieux, j’ai peur ! J’ai peur de quoi ? Je ne le sais pas moi-même… sans doute de me retrouver tout à coup dans la réalité càdire dans un hôpital avec une salle d’op. La présence bienveillante d’Evelyne m’avait fait oublier le fait d’être à l’hôpital…
Vers 13h30 : Dilatation : 5 cm. J’ai très mal, je marche car je supporte mieux les contractions comme cela. Mon mari me tient toujours la main et Evelyne me masse le dos et me guide de sa voix rassurante, elle me suggère pleins de choses qui m’aident comme les sons et une respiration plus profonde. De plus à chaque fois elle a la parole qui m’encourage et me permet d’aller plus loin. Quel bonheur de vivre cela !!! Chaque contraction est là parce que je l’ai voulu comme cela, mon cœur est plein d’espoir et de bonheur…
Vers 14h : Je retourne un peu dans le bain et Evelyne en profite pour aller voir une patiente qu’elle devait absolument voir ce jour. Heureusement (et malheureusement) le bain a de nouveau calmé mes contractions. Je décide alors de ne pas m’y éterniser car le but est d’accoucher et pas de me reposer !
Vers 15h-15h30 : Mes contractions reviennent plus fortes encore et ma petite fée protectrice revient enfin. Je me remets debout et très vite, j’ai vraiment très mal et envie de pousser. Dilatation : 6cm mais avec un col encore épais. Ce qui me fait très mal c’est le pied de Claire qui est dans mon vagin et me fait souffrir le martyr à chaque contraction. Courage ma puce chérie, on va y arriver ! Je m’écroule sur les genoux lors des contractions mais je sens que ça guide mon bébé… je crie : « j’ai mal », « je vais mourir », « au secours »… Evelyne me rassure « tout est normal, tout se passe bien, on est dans la physiologie ». Elle rassure aussi mon mari en lui expliquant que la douleur est telle qu’il est normal pour moi d’avoir l’impression de mourir.
Mon mari me tient la main et Evelyne m’encourage encore et toujours, sa voix me rassure, elle me masse le dos et accompagne mon bébé lors des contractions. Je pense bcp à mon bébé, je l’aide à descendre surtout en essayant de ne pas me crisper lors des contractions, j’essaie de la guider au mieux dans ce long et pourtant si court chemin qui lui reste à parcourir…
Vers 16h30-17h : La douleur est telle que je demande à Evelyne de me réexaminer… Là je désespère : 6 cm toujours mais avec un col tout mince… Non je n’y arriverai pas ! Cette fois mon courage m’abandonne… « Evelyne aide-moi, fais qque chose stp ! ». Elle me fait alors un buscopan en IM, puis un second…. La douleur ne fait que s’intensifier !! C’est vraiment trop dur !! J’ai envie de pousser en permanence et je ne peux pas le faire. Le pied de Claire me fait vraiment très mal ! Je ne veux plus de cette douleur ! C’est donc pleine de tristesse que je demande une péri… moi qui voulais vivre mon accouchement, me voilà en train de demander cette chose atroce qu’est la péri !!! Mais n’étant pas du tout au clair avec cette demande que j’étais en train de faire, je pense que j’aurais certainement envoyé balader l’anesthésiste quand il serait arrivé…
Vers 17h30-18h : Evelyne me réexamine avant d’appeler l’anesthésiste. Dilatation complète…pas de péri ! Quel bonheur !!! Je n’en voulais pas de toute façon de cette péri !!!
Une horrible panique m’envahit alors : me voilà livrée à moi-même et plus personne ne peut m’aider, je dois sortir mon bébé absolument toute seule ! Et si je n’y arrive pas !? Et si mon entêtement à vivre un accouchement naturel me mène à la perte de mon bébé ??? Comment vivre cela ? A cet instant, je ne trouve rien de mieux que de demander une césarienne…moi qui étais en train de me battre contre cette césarienne ! Non mais t’es pas un peu folle !!! Mais je me ressaisi très vite, je ne peux pas me laisser aller à la peur car la peur mène à l’échec ! Je dois sortir mon bébé coûte que coûte… mes deux fées, mon mari et la sage-femme de l’hôpital sont là et m’encouragent. Il ne peut plus rien m’arriver ni arriver à Claire, nous allons vaincre la « fatalité » ! A cet instant il n’y a plus que des mots et des sensations dans mon corps et ma tête… je ne suis plus vraiment là mais je suis avec mon bébé, il n’y a plus que Claire qui compte, je dois la sortir pour la faire vivre : « Claire aide-moi, il faut que tu sortes ! », « vas-y sors, je veux que tu sortes ! »… J’entends Evelyne et Josiane qui me disent que mon bébé descend bien, que ma petite puce arrive, elles sont là, mon mari est là aussi, il me tient la main. Enfin je sens que Claire descend. Je suis surprise de cette force qu’il y a en moi et je sais maintenant que cette force c’est l’amour, …mon bébé arrive …encore une fois pour la dégager… je sens que ça craque et je me sens déjà un peu plus libre… Claire pend entre mes jambes… et contrairement à un sommet, je dois encore pousser pour son corps et enfin pour sa tête. J’ai l’impression que cela n’en finira jamais ! Mais je redouble d’énergie, je veux en finir et avoir enfin mon bébé sur le ventre !! La tête de Claire arrive enfin et la voilà toute chaude sur mon ventre… Je la touche sans y croire… Mon rêve vient de se réaliser !... Et doucement je reviens dans le monde réel…
Claire est née ce 18 août 2006 à 18h20, elle pesait 2kg800 et mesurait 47cm.
Plus rien ne sera désormais pareil ! Quand les contractions me donnaient l’impression de mourir, je mourais en réalité mais pour renaître plus forte et plus moi-même. Je suis enfin devenue une vraie mère et une vraie femme… durant 8 ans je me suis crue incapable de mettre au monde mes enfants… maintenant je sais ! Mais rien n’aurait été possible sans mes deux fées, Josiane et Evelyne, qui m’ont fait confiance et m’ont soutenue tout au long de ma grossesse, de mon travail, de mon accouchement. Je leur serai éternellement reconnaissante car elles m’ont redonné la vie !
Valérie,
Maman et sage-femme.
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