Nous sommes en janvier 1983, j'ai 18 ans depuis 21 jours et je suis enceinte de 9 mois mon premier bébé ne vas pas tarder à naître, son papa, bruno, a 17 ans. Je ne sais pas le sexe de mon bébé, j'ai bien fait une échographie au dernier mois, mais c'est assez nouveau comme technique, pas de détermination du sexe (de toute façon je préfère garder le mystère et j'adore les surprises). J'habite dans le val-de-marne et je vais accoucher à l'intercommunal de Créteil. Je me suis bien impliquée dans ma grossesse, je veux être "au commande", j'ai suivi des cours d'accouchement sans douleurs, beaucoup de relaxation mais surtout la visite des locaux, le jour J et l'heure H je ne serai pas en terre incognita, mine de rien c'est très important.
La péridurale n'existe pas en 83, je vais donc accoucher naturellement, à ce détail près que mon bébé ne veut pas se retourner.A chaque examen, j'ai droit à tous les toubibs et les internes de l'hosto, car mon accouchement sera un siège, j'ai fait à une semaine de la date de l'accouchement présumé, une radio pour déterminer si mon bébé pourra passer par mon bassin, elle a (hélas) un petit poids, le tabac que je n'ai pas réussi totalement à arrêter en ait surement la cause. De nos jours un siège est systématiquement fait en césarienne, pas encore en 83. La radio montre le petit squelette de mon bébé dans le mien (qu'est-que j'aimerai pouvoir récupérer cette radio !!), mon bébé pourra passer dans le bassin.
Le 16 en fin d'après midi, je sens que les premières contractions arrivent, le papa me conduit à la maternité, là je suis monitoré, je rigole avec le papa, les tracés de monitoring en font les frais. On m'annonce qu'on me garde mais que l'accouchement sera surement pour le lendemain.on m'installe dans une chambre pour deux, mais pas d'autre maman, pour l'instant, le papa s'en va pour se reposer.
Je me sens pas du tout stressée, je n'ai pas le souvenir de souffrir, je m'allonge sur mon lit et dix minutes après, je perds les eaux. J'appelle les infirmières et on me descends en salle de travail pour surveiller tout ça de plus près. On me mets une perf (glucose je crois) qui me genera pas mal. Les douleurs s'intensifient, mais je ne souffre pas énormément, je me souviens juste d'une impression que mon ventre est "tiré" vers le haut. Vers minuit, le papa revient, il est "habillé" en toubib, sur le coup je ne le reconnais pas. Le travail s'intensifie, je suis sur le dos, j'ai les pieds sur les étriers, je me concentre sur mon souffle comme je l'ai appris, ca m'aide.
D'un seul coup je me retrouve avec une foule de monde autour de moi (cas d'école pour les internes), dont une sage-femme rousse (désolée je me souviens pas de son nom), l'envie irrépressible de pousser me prend, la sage femme me donne des indications, mais en fait je pousse quand j'ai envie et me repose à mon rythme, le papa tient l'oreiller pour m'aider à chaque fois que je me repose et mine de rien ca m'aide. D'un seul coup je sens clairement le corps de mon bébé passer dans mon vagin, j'ai imprimé pour toujours dans ma tête ce moment magique ou son corps "passe", je sens chaque endroit de son petit corps, les petits pieds d'abords bien-sur.
Il est 4h du matin, ma petite fille lydia vient de venir au monde. son papa et moi on est très émus. Du fait que sa tête n'a pas eu à subir les pressions de l'accouchement elle toute bien ronde et rose, c'est une magnifique petite poupette (2 880 kg). On me la pose sur le ventre quelques minutes mais on me la prends tout de suite pour les examens. La sage-femme rouquine vient me feliciter pour la façon dont j'ai gérer, j'en suis super fier. Le papa s'en va. Je reste sur la table pour des moments moins glorieux, recoudre l'épisiotomie (4 ou 5 fils). Au dessus, du lit il y a une grande lampe, qui me fait miroir du coup je ne perds rien de ce super spectacle.
On me remonte dans ma chambre, je dors un peu, à 6 heures une infirmière me réveille pour me demander si je veux mon bébé (quelle bête question) on m'ammène ma petite crevette et là je la mets au sein, une infirmière m'aide pour me montrer, je sais que je voulais allaiter mais personne ne m'avais montré comment et dans ma famille personne n'avait allaité. Ma louloute, tète sans problème (j'allaiterai trois mois jusqu'à ce qu'une pédiatre de la pmi me dise que c'est suffisant et que je pouvais arrêter, je n'y connaissais rien j'ai cru le tout puissant toubib).
Ma première semaine à la maternité sera bien gaché par les suites de mon épisiotomie qui me fera beaucoup souffrir (au point de faire pipi debout dans la douche).Une fois les fils retirés ca ira mieux mais je me promets de ne plus jamais avoir à subir ça.
Voilà c'est parti pour éduquer et faire grandir (hélas plus tard toute seule) une jolie fille qui a aujourd'hui 24 ans. Si j'avais su que 20 ans après cette naissance, une autre petite fille pointerai son nez, je ne l'aurai pas cru, mais ca c'est une autre histoire et fera l'objet d'un autre post.
ma lili vers 6 mois et a un an