pour une parentalité douce et respectueuse |
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| Aubin, enfin... | |
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Mayou
Nombre de messages : 401 Age : 37 Localisation : dans le tram, le bus, la salle d'attente... Date d'inscription : 21/09/2011
| Sujet: Aubin, enfin... Dim 11 Mar 2012 - 19:24 | |
| La vie, parfois c’est long, parfois c’est court. On naît, on meurt, au milieu il se passe des trucs. Bref.
Le 28 février j’ai commencé à avoir des contractions pas douloureuses mais très régulières et qui se rapprochaient. Vers 22h, j’ai commencé à les noter. Fréquence : toutes les 9, puis 8, puis 7 minutes… L’hôpital nous avait dit d’appeler la salle de naissance si on avait une question. J’ai attendu 1h avant d’appeler. J’ai bien précisé que ce n’était pas douloureux, mais comme d’habitude, ils m’ont répondu de venir. Alors on y est allés. On est repartis le lendemain à 10h après une nuit blanche : le col était à 1cm tout du long, mais n’évoluait pas. En revanche, les contractions, toujours pas douloureuses, se rapprochaient un peu. Le soir même vers 21h45, en postant sur ce forum, j’ai commencé à comprendre ce que ça voulait dire, « contractions douloureuses ». Un peu plus tard, j’ai dit à Kéri de venir dormir tant qu’il pouvait. Les copains en ligne sur Wow ont demandé si c’était ce qu’ils pensaient, il a dit qu’il pensait aussi. Ils avaient une voix bizarre. Lui aussi.
Je me suis dit que si c’était « ça », il fallait que je dorme aussi tant que je le pouvais. On a des réactions bizarres parfois. Alors j’ai dormi, entre deux contractions. Par coups de 5, 4, 3minutes… A trois minutes, ça commençait à faire vraiment un peu mal. Je me suis dit que comme on avait une grosse demi-heure de trajet, il allait peut-être falloir se mettre en route. J’ai réveillé Kéri, qui ne dormait pas vraiment. Il a passé un coup de fil, m’a dit « le taxi arrive dans 10 minutes ». On a attrapé le sac, il a cherché le livret de famille pendant 7 minutes le temps de ma douche, a renoncé, et on est descendus. A la sortie de ma douche, j’ai été prise de tremblements qui n’ont pas cessé pendant plusieurs heures : j’avais froid, froid… Heureusement qu’il faisait plutôt chaud dans le taxi.
Le chauffeur n’a pas eu peur d’emmener une baleine pour son dégonflage, il rigolait, super gentil, essayait de nous déstresser. Mais on n’était pas stressés... Une fois arrivés, vers une heure, on nous a installés dans la salle de naissance. La sage-femme, Delphine, est venue nous voir, nous a mis sous monito, nous a dit que cette fois c’était la bonne. Kéri et moi nous sommes regardés, un peu intimidés, émus. Elle nous a demandé ce qu’on souhaitait pour la naissance, nous a dit que la perfusion serait obligatoire à partir d’un certain stade, et a proposé qu’on voie au moment de la poser si on poursuivait sans péri. Pendant toute la durée du travail elle a été très attentive, rassurante, douce, plaisantant avec nous quand elle nous sentait d’humeur (et on l’était), très souriante, très disponible, même si elle avait d’autres patientes « sur le feu ». Pardonnez-moi l’expression. Les contractions étaient très rapprochées. Je me concentrais sur ma respiration, ça m’aidait pas mal. Je visualisais mon ptit lardon, bien au chaud dans mon ventre… Le veinard. Il faisait super chaud dans la salle de naissance mais j’avais froid. J’étais gelée, glacée, congelée, une Mrs Freeze. Delphine nous a expliqué que c’était probablement du aux hormones, et a essayé de baisser la soufflerie, sans succès.
Très vite, ç’a été le moment de la pose de la perf. L’anesthésiste était dans la salle d’à côté. Kéri et moi on s’est regardés, on a hésité. J’étais à 7. Déjà ?! Notre pitchoun est rapide ! Les mains de Kéri tenaient encore le choc mais j’avais oublié de me limer les ongles… J’ai décidé de prendre la péri. On aura d’autres enfants de toutes façons, non ? Et puis finalement, je ne me sens pas le besoin de bouger. Et tiens, puisqu’on en parle, tant que j’ai encore des jambes, ultime pause pipi. Oulah c’est loin ! C’est bizarre de marcher avec des contractions aussi fortes. Je n’ai plus envie de bouger du siège des toilettes. Allez, retour dans la salle de naissance. On se bouge, hop hop hop !
L’infirmière anesthésiste, pas une débutante, est arrivée. En fait, la perf m’impressionnait moins. Peut-être parce que je ne savais pas qu’il fallait que l’aiguille passe dans la veine, je m’attendais à une simple piqûre. Ah non. Bon. Aïe, ça fait un peu mal quand même. L’infirmière a dit qu’elle était désolée, et encore plus sachant que je n’aimais pas ça, mais que la veine qu’elle avait tenté n’était pas assez grosse. Alors il va falloir repiquer, tant pis. Mais ça fait quand même super mal… Delphine et elle m’avaient demandé de les prévenir de l’arrivée des contractions. Pendant la contraction elles cherchaient, préparaient la veine qu’elles avaient repérée… Mais ça se rapprochait de plus en plus, et j’avais tellement froid malgré mon pull que mes veines étaient toutes fines.
L’anesthésiste est rentré. Il m’a dit s’appeler E. Je l’ai reconnu tout de suite… C’était lui que les copines de la prépa naissance avaient trouvé super lourd lors de la réunion d’info sur la douleur où je n’étais pas allée. En fait, je l’ai reconnu à la première vanne qu’il a balancé à Kéri, une histoire de voiture. L’infirmière lui a demandé s’il pouvait me faire la piqûre de la perfusion, il a refusé. Bon… Si elle lui demande c’est que ça pue, s’il refuse c’est que ça pue encore plus que je ne le pensais, je vais essayer de leur faciliter la tâche. Allez-y, faites ce que vous pensez bien, moi je fais aussi ce que je pense être bien : je respiiire… Régulièrement, profondément, en expirant bien pour ne pas faire de crise de tétanie, ce serait dommage ! Ils l’ont remarqué, et m’ont demandé si j’avais suivi la préparation « sophro ». Apparemment je gérais. Chouette ! Kéri m’a raconté plus tard que la sf et l’infirmière se faisaient des signes cabalistiques en se lançant des regards de détresse dans mon dos : « et celle-ci, tu en penses quoi ? – Je ne sais pas, peut-être… Tapote bien ! Hé zut, raté… » Jusqu’à ce qu’enfin, miracle ! Une veine compatissante dans mon bras droit veuille bien laisser passer l’aiguille… Le cinquième essai tout de même…
E. qui essayait de dérider tout le monde s’est rapproché, brusquement très doux, m’a demandé de me mettre le plus en boule possible sur mon oreiller, laisser passer les contractions, me massant les épaules, puis faisant signe à Kéri de prendre le relais. Il m’a expliqué ce qu’il faisait : une piqûre d’anesthésiant local (que j’ai senti un peu), puis posé un champ stérile sur mon dos, il a ensuite expliqué à Kéri que la péridurale était posée entre deux vertèbres, etc. Je n’ai pas senti la pose de la péridurale, juste une chaleur qui se diffusait… Ouh ça fait du bien, enfin un peu de chaleur ! E nous a souhaité bon courage et nous a dit d’en profiter à fond et est parti se recoucher. L’infirmière s’est excusée, elle se sentait trop mal mais elle n’y pouvait rien la pauvre ! Delphine nous a laissé elle aussi, après avoir attendu de voir comment ça se passait, comment Bébé et moi supportions la péridurale. Tout va bien, parfait ! Elle est sortie, Kéri et moi nous sommes endormis. Je sentais les contractions monter, mais sans douleur, comme la veille. Alors profitons-en ! ^^
Delphine est revenue quelques minutes plus tard, a vérifié le monito. Tout se passait bien. Elle m’a demandé si elle pouvait percer la poche des eaux, pour éviter que les contractions se ralentissent. Allez-y ! Soyons fous ! Surtout si ça évite un shoot d’ocytocine. Elle a agit, est ressortie, nous avons replongé dans les bras de Morphée. Quelques heures après, après la pose d’une sonde urinaire finalement à peine gênante, Delphine m’a demandé de mettre ma jambe gauche (j’étais allongée sur le côté droit) sur une sorte de béquille, pour la mettre en hauteur et favoriser l’ouverture du bassin. L’électricité s’est éteinte. Le générateur de secours a pris le relais quelques secondes plus tard. Même pas peur. Je sentais le bébé appuyer. Elle m’a demandé si j’avais mal quelque part : un peu, dans la fesse gauche. Elle m’a conseillé d’appuyer une fois sur le bouton. Juste une, pour réactiver suffisamment la péridurale pour l’expulsion mais pas assez pour annihiler les sensations. C’est la seule fois où j’ai appuyé sur ce bouton… Je me suis rendormie, patte en l’air, en tirant un peu sur l’autre jambe pour ouvrir un peu plus.
Quand Delphine est revenue, elle m’a dit que j’étais à complète. Je n’ai pas trop réalisé, j’ai posé les pieds sur l’espèce de portique. Mon obstétricienne, qui était de garde, est rentrée, et a servi d’infirmière pour la poussée. Pas parce que ça ne se passait pas bien, non : parce qu’elle avait fini sa garde 5 min avant et que ça lui faisait plaisir d’être là si je voulais bien.
« On va voir comment vous poussez. » Ben, comme ça. Ca vous va ? Je me réveillais à peine, je pensais en avoir pour une bonne demi-heure au moins, le temps d’émerger, quoi. Un petit entrainement à la poussée ? Ok, pas de problème. Allez, sur une contraction voilà ce que ça donne. Plus penchée ? Voilà, sur une deuxième. En montant le nombril ? Hop, comme ça ? Delphine dit à Kéri de jeter un œil : on voit les cheveux. Ooooh c’est meugnon ! Je le sens qui appuie entre deux contractions, il est dynamique !!! Allez, une poussée de plus sur la contraction suivante. Kéri se penche de nouveau, elle lui dit doucement de ne pas regarder… Je la suspecte de me découper. En effet, je le saurai après. Encore une contraction, encore une poussée… Elle me dit de tendre les bras, tend un « truc » plein de sang. Quoi, il est déjà là ?! Mais je suis arrivée il n'y a que 6h! Je n’ai même pas poussé 10 minutes ! C'est pas normal, hé! Je suis abasourdie, je n’ose pas le prendre, je l’attrape un peu machinalement, je le pose sur mon ventre… Que de cheveux ! Je n’ai pas vu son visage. Je le sens respirer contre moi. Il est 7h51. Kéri est tout ému, en train de fondre et de contempler sa merveille. On se regarde, on n'y croit pas. Ca y est, il est là "pour de vrai"? Il ne pleure même pas. Il se repose, sur mon coeur. Il est beau? Oui il est beau. Ah bon. Oh merci mon Dieu, il est là! J'entends vaguement l'obstétricienne et Delphine s'extasier de concert, nous féliciter, me dire que j'avais super bien poussé... Elles m'ont pas mal coaché, aussi. Je réponds, je crois, toujours sous le choc, émerveillée, soulagée, heureuse, bizarre, ne réalisant pas...
Ils me l’ont laissé une bonne demi-heure, avant de l’emmener avec son papa dans un bout de la salle, l’ont essuyé de tout le sang, lui ont fait un petit shampoing. Il en a des cheveux ! Ont pris ses mesures… Un grand bébé, avec une grosse tête ! Ce qui explique l’épisio, que Delphine a recousu pendant les soins du bébé. Me l’ont reposé sur le ventre. Là, j’ai pu voir son visage. Un tout ptit nez, des bonnes joues… On ne dirait pas un bébé d’à peine une heure ! On dirait qu’il sort de chez le coiffeur. Il a des mèches naturelles ! Et il croise les mains près de son nez, comme sur les échos… Ca y est, j’suis amoureuse. Il y a un autre homme dans ma vie.
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| | | Mayou
Nombre de messages : 401 Age : 37 Localisation : dans le tram, le bus, la salle d'attente... Date d'inscription : 21/09/2011
| | | | Sarah
Nombre de messages : 5260 Localisation : Condroz - Belgique Date d'inscription : 16/11/2006
| Sujet: Re: Aubin, enfin... Dim 11 Mar 2012 - 22:02 | |
| Tu sais, nous on aime bien les beaux romans Merci Et félicitations, et bienvenue à Aubin | |
| | | babou_35
Nombre de messages : 15 Age : 45 Localisation : 35 Date d'inscription : 27/01/2012
| Sujet: belle histoire Lun 12 Mar 2012 - 11:50 | |
| Bienvenue à ton petit bout et merci pour le roman, ça rassure de savoir que ça peut aussi bien se passer ! | |
| | | Hinano
Nombre de messages : 10824 Age : 45 Localisation : Gascogne Date d'inscription : 06/10/2005
| Sujet: Re: Aubin, enfin... Mar 13 Mar 2012 - 11:04 | |
| Bienvenue à Aubin! Rien de personnel, mais je reste abasourdie qu'on ait fait une épisio sans rien te dire... Ca me noue les tripes. | |
| | | Mayou
Nombre de messages : 401 Age : 37 Localisation : dans le tram, le bus, la salle d'attente... Date d'inscription : 21/09/2011
| | | | Hinano
Nombre de messages : 10824 Age : 45 Localisation : Gascogne Date d'inscription : 06/10/2005
| Sujet: Re: Aubin, enfin... Mar 13 Mar 2012 - 22:32 | |
| Remarque, j'avais lourdement insisté pour que ma gynéco écrive sur mon dossier que je m'opposais à l'épisio. Ca l'a pas empêchée de m'en faire une elle-même, la sale garce. | |
| | | Pandaroux
Nombre de messages : 23 Age : 40 Localisation : 75 Date d'inscription : 23/10/2011
| Sujet: Re: Aubin, enfin... Jeu 5 Avr 2012 - 18:42 | |
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| | | helen
Nombre de messages : 4533 Age : 49 Localisation : 29 Date d'inscription : 20/10/2008
| Sujet: Re: Aubin, enfin... Mar 17 Avr 2012 - 23:22 | |
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| | | disneyquizz
Nombre de messages : 4 Age : 49 Localisation : Finistère Date d'inscription : 27/04/2012
| Sujet: Re: Aubin, enfin... Ven 27 Avr 2012 - 14:52 | |
| Toutes mes félicitations! | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Aubin, enfin... | |
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| | | | Aubin, enfin... | |
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