J'ai écrit ça ailleurs et Mister k pense que ça a sa place ici aussi
c'est très long, désolée...
Et ensuite, bin, à vous!
Ce matin, Mister k m'a montré le contrôle d'anglais de P'tit Elfe. Il y avait une liste de mots en français, il fallait mettre le mot correspondant en anglais. Une seule faute, et pourtant 7,5/10 seulement. Motif, il a oublié les points et les majuscules! Comme je disais à Mister k, un mot, c'est pas une phrase, donc pourquoi les majuscules et les points? A moins que le prof l'ait exigé en consigne (et encore), ça ne justifiait pas tous ces points en moins.
En plus, P'tit Elfe est en SEGPA, les classes pour enfants ayant un handicap mental, ils ont déjà souvent été bien malmenés en primaire, la SEGPA est censé leur redonner confiance... C'est loupé là!
C'est dingue, ces profs qui donnent l'impression d'assouvir une vengeance sur le dos des élèves.
Du coup, ça m'a donné envie de pondre ce billet que je tourne dans ma tête depuis un bout de temps: les profs qui nous ont marqués. En bien ou en mal.
Je commence par ma prof de musique du collège: Elle avait une telle réputation qu'en quittant le CM2, nous la connaissions déjà.
Elle avait les cheveux jaunes pisseux hyper laqués, qui remontait comme un toboggan d'un côté.
Plus de sourcils, remplacés par un trait de crayon noir outrancier.
Rien que ça, déjà, c'était un cauchemar.
Mais le plus terrible, en fait, c'étaient ses cours.
Elle nous faisait écouter des morceaux, nous devions en donner les instruments de musique.
Puis en trouver les thèmes. Nous avions beaucoup de mal à comprendre ce que c'était. Elle finissait par nous les donner. Nous devions les écrire sur notre cahier. Oui, les écrire. Avec des points dans tous les sens, que nous devions relier, et ceci était censé nous aider à retrouver le thème de l'œuvre.
Régulièrement, on avait interro de thème.
On piochait un papier avec le nom d'une œuvre, si on arrivait à sortir le thème, on avait 20. Sinon, on avait "zzzzzzzzzzérrrrrrrrrrrooooooooooooooo". A croire que c'était une jouissance pour elle de nous mettre des "zzzzzzzzzzérrrrrrrrrrrooooooooooooooos".
Vous me direz qu'elle n'était pas méchante, qu'elle n'avait juste rien compris à la pédagogie de base et ne savait pas enseigner la musique.
C'est pas faux.
Là où je lui en veux, 20 ans après, c'est que je ne peux entendre sereinement "le carnaval des animaux" ou "le beau Danube Bleu" sans entendre la voix de mon ancienne prof en surimpression asséner le thèèèèèemeuuuuuuuu (laaaaaaaaaaa lalaaaaaaaaaa lalaaaaaaaa lala lala, la LA la la laaaaaaaaaaa lala, celui ou celle qui retrouve le titre gagnera toute mon estime!) et entendre son "zzzzzzzzzzérrrrrrrrrrrooooooooooooooo" à la fin.
C'est criminel de sa part, d'avoir assassiné autant les œuvres musicales que les jeunes oreilles qui ont vieilli et ne s'en sont pas remis!
Comme autre prof à jeter (n'ayons pas peur des mots, en plus je suis prof alors on va dire que j'ai le recul nécessaire hein :p ): le prof de maths que j'ai eu en 4ème.
Clairement, il bossait pour ceux qui suivaient. Le grand souvenir que j'ai de lui, ce sont les contrôles. Il nous prévenait à l'avance du temps qu'on avait, et c'était à la seconde près. 5 minutes avant la fin, il nous prévenait. Puis 4, puis 3, 2, 1...
Attention, plus que 30 secondes!
Et les 15 dernières, il les égrenait! Et si on avait le malheur de tenir le stylo une seconde de trop, on avait zéro! Je ne comprends toujours pas l'intérêt, 20 ans après. Par contre je peux vous dire que c'était stressant et déstabilisant, surtout quand on était pas fortiche en maths, ce qui était mon cas (je ne réussissais que si le prof était sympa...)
Son autre manie aussi, c'était de mettre un premier exercice barrière: si on avait faux, il ne corrigeait pas le reste!
Dans la série des profs de maths, il y a eu celle que j'ai eu en première, j'étais en 1ereB (économie), elle nous appelait B comme bêtas.... Ambiance...
Pour nous expliquer 1+1=2, elle était capable de tracer des cercles droits et des carrés à 5 côtés sans oublier d'invoquer la table de 3 et le théorème de Pythagore. Lorsque, dépités, on avouait qu'on n'avait pas compris, elle soupirait "mais je ne peux pas vous expliquer autrement!"
Heu... Ce n'était pas le principe de son métier par hasard?
Bref, de 15 de moyenne en seconde (j'aimais bien le prof :-) ) je suis passé à 7 ou 8 en première, mais la chute fut plus rude encore en terminale. Etant nullissime en économie mais bonne dans les autres matières (sauf en maths :p ), j'ai eu la chance de pouvoir passer en terminale A1 (littéraire)
Avec un coefficient de 4 en maths au bac, quand même, sachant que le plus gros coefficient était la philo, 5.
Cette année-là, le prof de maths arrivait ivre en cours, nous balançait des exercices pour avoir la paix, nous pondait des contrôles au dernier moment, sans les avoir préparés à l'avance, en tanguant devant le tableau.
Bref, j'ai fini à 4 de moyenne, je me demande encore comment j'ai réussi le miracle de ne pas avoir 0 tout simplement, j'ai passé une année entière à ne rien comprendre à rien, sauf aux probabilités, qui m'ont sauvées à l'épreuve du bac: les seuls 8 points que j'ai eus, c'étaient ceux-là!
Et 15 ans après, je fais toujours des cauchemars où il est question de maths, de cours de maths où on s'englue, d'épreuves de maths après lesquelles je cours... Véridique! Comme quoi on peut pourrir la vie de manière durable!
Je passe sur les profs de langues, j'en ai toujours eu des bons, mais rien d'extraordinaire non plus, pfffffffffff même pas drôle (pour faire plaisir à Bismarck [une copine bloggeuse prof d'allemand] j'évoque quand même brièvement la prof d'allemand que j'ai eue en première et terminale, qui nous a fait découvrir le mouvement du Blaue Reiter ;-) )
Les profs de français, pareil, rien à redire dans un sens comme dans l'autre, tous m'ont correctement préparée aux épreuves du brevet et du bac.
Les sciences, j'avais du mal. Une allergie à mon père (comme les maths).
Je me souviens qu'à une époque, le lycée avait organisé des sessions de rattrapage dans différentes matières, j'en ai bénéficié en sciences physiques, et avec l'aide d'un prof extraordinaire, j'ai tout compris en 2h! Mais je ne l'ai eu que 2 h, je ne peux pas en dire grand chose, je me souviens juste de ma fierté et de la gratitude que j'éprouvais envers lui. Et y'a pas à dire, les gamins comme je l'étais, timides, peu sûrs d'eux, rêveurs, continueront longtemps de se laisser couler sans rien demander à personne, avec les surcharges de classe qu'on nous prépare :-(
J'arrive à une matière que j'aimais beaucoup, l'histoire-géo (j'avais hésité entre étudier les lettres modernes et l'histoire d'ailleurs, j'ai finalement choisi lettres modernes parce que j'aimais beaucoup lire)
Je me souviens du prof complètement dingue.... Mais Libellule se réveille, alors ça sera pour la prochaine fois!
J'en étais arrivée aux profs d'histoire-géo lorsque Libellule s'est réveillée.
Mais j'ai oublié de parler d'une prof d'anglais que j'ai eue.
Comment ai-je pu l'oublier?
Elle avait peur des élèves, sursautait et rentrait la tête dans les épaules quand l'un d'eux faisait un mouvement trop brusque dans les couloirs, s'était même faite enfermer dans un placard!
Inutile de vous parler du chahut de ses cours! C'était un bordel sans nom.
Mon frère aîné l'avait eue 3 ans avant moi. Mes parents ont demandé à la voir, ont été surpris, c'était une jeune femme à l'aise avec les adultes. Mais elle avait la trouille des ados. Surtout ceux en troupeau.
Quand j'ai atterri dans sa classe, elle a tout de suite reconnu le nom. Et j'ai alors bénéficié de sa légendaire manière de noter. Quand mon frère en parlait, je doutais, mais j'avais tort: elle notait à la tête. Ceux dont elle avait le plus peur avaient de très bonnes notes.
Mon frère m'avait raconté qu'il filait les réponses à ses copains, et qu'ensuite aucun n'avait la même note. Lui avait toujours les plus mauvaises, étrange...
Moi j'ai eu les meilleures, pendant toute l'année: elle ne voulait surtout pas avoir à nouveau affaire à mes parents! Dans un premier temps c'étaient des notes méritées, j'étais vraiment bonne en anglais. Mais ensuite... Pourquoi vouliez-vous que je me foulasse, franchement? Les 18 étaient moins mérités. Et je faisais comme mon frère, je filais les réponses aux autres. Et effectivement, les notes faisaient les montagnes russes malgré des copies identiques! On ne se cassait même pas la tête, on trichait et copiait ouvertement.
Heureusement, je l'ai eue en 1ére. J'ai eu toute l'année de terminale pour rattraper!
Faste année que cette année de première... J'ai donc eu une prof d'anglais particulière, une prof de maths catastrophique (voir note précédente) et.... un prof d'histoire-géo... Comment dire... singulier...
C'étaient LES 3 profs dont la légende passait d'année en année, de famille en famille. Quand je suis revenue à la maison cette année-là en donnant le nom de ces 3 profs (qui ont d'ailleurs pour deux d'entre eux des noms de nourriture, pour l'autre un nom apparenté à un acte de résistance... Inoubliables pour ça aussi!), mes parents ont failli défaillir!
Le prof d'histoire-géo, je l'avais eu l'année précédente, il avait une réputation exécrable, de vieux facho pervers, qui avait fait écouter des musiques nazis aux élèves, qui plaçait les élèves en couple par table "pour repeupler la France"... Il faisait des cours comme on raconte une histoire, ne s'arrêtant pas pour insister sur un nom ou une date, c'était vraiment un récit, charge à nous de suivre... ou non. On était un peu paumés, il faut le dire. Il parlait beaucoup de lui aussi, de l'actualité, de tout, de rien, de n'importe quoi.
Étonnamment, je ne me souviens pas de ses bilans, ni même de mes notes (je pourrais chercher tiens, par curiosité...)
La 2ème année, quand j'étais en première donc, je me suis trouvée en charge du cahier de textes de la classe. Il me fallait rester à chaque fin de cours pour que les profs notent ce qui avait été fait et ce qui était donné à faire.
Intéressant, ça m'a permis de découvrir l'autre visage des profs. De celui-là, en particulier. Je me suis mise à mieux l'écouter en classe. J'ai discuté avec lui. J'ai entendu ce qu'il avait à dire. Entendu ce qu'il disait réellement, une fois dépouillé de tous les artifices.
C'était quelqu'un de bien. Qui avait pour but de nous ouvrir l'esprit, parfois en provoquant. S'il y a un prof qui a réussi, pour moi (et en fait il y en a eu 3 autres, j'y arrive), ce fut lui. A sa manière. Il a dû toucher peu d'élèves avec cette méthode, si décriée pour tous, mais ceux-là, il les a touchés durablement.
Autre chose: je crois qu'il était prof pour s'amuser. Il avait envie de raconter des histoires. C'était un amuseur. J'espère que la vie ne l'a pas trop abîmé.
Dans la série "prof d'histoire-géo", je demande...Celle de terminale. J'ai beau garder un excellent souvenir du prof que j'avais avant, il faut reconnaître qu'il nous avait bien mal préparé à l'épreuve finale. La prof de terminale a réussi l'exploit de nous amener à bon port. Elle avait une particularité; elle portait le nom d'un dictateur. De part certaines choses qu'elle nous a dites, je reste persuadées qu'elle était de sa famille - mais elle avait viré à gauche toute!
En fin de compte, je n'ai pas grand chose de plus à dire sur elle. Elle était très bien, vraiment très bien, bosseuse, humaine, patiente, exigeante... Nous l'aimions tous bien. C'est rare, un prof qui fait l'unanimité. Elle fait partie de ceux qui m'ont beaucoup apporté. Qui m'ont appris à interroger les documents avec pertinence, à être critique, et c'est précieux, dans notre monde. Mais il y a une question de maturité aussi, et j'étais prête à recevoir son enseignement.
De même que celui de mon prof de philo, qui était extraordinaire. Il a rempli son rôle de prof de philo, que peu remplissent: il nous a fait grandir. Il nous a incités à aller voir de l'autre côté des choses.
Je me souviens de la fois où il nous a emmenés au Louvre. On avait mangé dans un fastfood et il avait bu une bière.
Lors d'un cours sur l'art, il avait râlé sur les colliers de nouilles que les enseignants de maternelle font faire aux enfants - lui même était jeune papa et redoutait ce moment! Des copines lui en ont offert un le jour de son anniversaire... Il l'a porté tout le long du cours!
Il nous a parfaitement préparés à l'épreuve du bac. J'ai vraiment eu du mal à comprendre ce qu'on attendait de nous au début, mais finalement, j'ai eu 13 au bac!
A cette époque, j'étais vraiment dépressive, je me demandais quelle était la meilleure façon de mettre fin à ses jours - enfin surtout, celle où on ne risquait pas de se louper - oui, même pour ça, j'avais la phobie de l'échec!
Lors d'un échange en classe, il m'a sentie partir. Il m'a rattrapée, et en quelques mots, m'a montré combien la vie valait d'être vécue. Sait-il que ce jour-là, il m'a sauvé la vie? Ça tient à peu de choses, tout ça... Il fallait vraiment être extraordinaire, pour sentir un ado partir loin à la dérive et lancer la bouée pile comme il le fallait.
Quand on parle prof, c'est toujours l'image de celui-là qui arrive en premier.
Je reviens un peu en arrière, en 6ème et 5ème. Ma prof d'histoire-géo (oui, encore).
Je crois qu'elle n'a jamais réussi à nous finir une leçon! Je me souviens de ses "laissez une page, on finira plus tard, là on passe aux Égyptiens"
Mais ses cours, quelle richesse! Je me souviens de la fois où elle nous a ramenés des fruits et des légumes en provenance d'Afrique, qu'elle avait réussi à dégoter dans un marché spécialisé à Paris, pour illustrer un cours sur je ne sais plus quel pays d'Afrique (désolée, c'était il y a longtemps :-) )
Elle voyageait beaucoup et nous parlait de ses diverses escapades, nous montrait des photos (heu... des diapositives.... que c'est vieux!), ça égayait les cours, les rendait plus vivants, plus captivants.
Mais surtout... Elle avait lutté avec le proviseur et certainement aussi avec le rectorat pour nous faire bénéficier en plus de cours de vidéo. C'était une fois par mois, le vendredi après-midi, en groupes réduits.
La première fois, elle nous a laissé la caméra, on pouvait faire ce qu'on voulait.
Puis on a visionné.... Le désastre! Personnellement, j'avais oublié d'arrêter la caméra (ou j'avais cru le faire), et on nous entendait déblatérer un nombre invraisemblable de conneries sur le chemin du retour. D'autres avaient oublié de mettre en route, d'autres d'ôter le cache, il y avait des séquences entières de prises de pieds ou de plafond...
Après cette bonne tranche de rigolade, elle nous a demandé de prendre une feuille:
1- Ne pas oublier d'enlever le cache
2- Ne pas oublier d'appuyer sur "on"
Etc...
Elle avait insisté sur le fait qu'elle ne nous l'avait pas dit avant parce qu'on aurait levé les yeux au ciel en songeant qu'elle nous prenait pour des cruches :-D
C'est l'une des expériences fondatrices de ma vie; on apprend à partir de nos erreurs... Laisser les enfants expérimenter, se tromper, et ainsi apprendre vraiment et progresser.
Ca ne veut pas dire que je leur laisse suffisamment le champ libre, à mes enfants ou à mes élèves, mais une petite voix revient régulièrement me chatouiller l'esprit à ce propos.
Nous avons monté quelques sketchs dont je me souviens mal, mais je n'oublierai jamais le petit film réalisé sur Lavoisier, dans le cadre d'un concours. Evidemment, comme nous étions face à des étudiants de grandes écoles, nous n'avons pas gagné, mais les organisateurs s'étaient fendus d'une petite lettre personnelle pour nous féliciter.
Je n'ai jamais oublié cette prof... ni monsieur Lavoisier, qui a perdu la tête sous la révolution française.
J'ai été longue! Mais j'ai vraiment adoré évoquer tous ces souvenirs.
C'est vrai que les mauvais profs nous marquent durablement (je vous assure que ce sont vraiment des cauchemars que je fais, au sujet des maths!); mais tous nous avons eu aussi quelques profs - moins nombreux- qui ont participé à faire de nous ce que nous sommes. Des humanistes, au sens de la renaissance. Des profs au dessus du lot.
La plupart des autres profs - dont je fais partie en tant qu'instit - font simplement leur métier avec cœur, en se trompant parfois, en tentant de faire au mieux la plupart du temps.Simplement, honnêtement... Le charisme, ce n'est pas donné à tout le monde. La médiocrité et la méchanceté, elles sont réservées à quelques aigris.
Que tous les instit et profs que j'ai laissés dans l'ombre soient ici remerciés pour l'enseignement qu'ils m'ont apporté.