Samedi: Aujourd'hui, c'était l'anniversaire des grandes. J'ai déjà passé les 40 semaines et je ne veux pas que la naissance ait lieu le même jour... superstition? Je ne sais pas... mais je préfère que ce ne soit pas ce jour-là. Ca fait 5 jours que je sens des contractions de préparation. Je sais que la naissance est proche. Je vais donc me couchée soulagée que tout se soit bien passé pour l'anniversaire.
Je me réveille pour faire pipi et je regarde l'heure: 0h15. Je me dis: Tiens, ce n'est plus l'anniversaire des filles, bébé tu peux venir. Je me recouche et 5 minutes après, j'ai une contraction. Je me dis que c'est bien, que ça va se faire. Je me recouche pour me reposer au maximum. J'ai des contractions qui me réveillent mais je ne regarde pas l'heure... soudain PLOP! La poche des eaux est rompue. Je réveille Florian pour qu'il m'aide à limiter l'inondation du lit. La naissance n'était pas prévue dans cette pièce car nous dormons encore avec les filles.
Il m'aide bien volontiers et nous sommes convaincus que c'est pour cette nuit. Nous nous levons, allons à la cuisine manger et boire quelque chose... j'ai des contractions, mais rien de régulier, donc vers 4h nous allons nous recoucher.
Dimanche: Au réveil, je suis un peu déçue de voir que j'avais bien dormi, sans me faire réveiller par les contractions... et je ne perds plus de liquide. Je me dis que la tête doit maintenant mieux appuyer sur le col. Je bois donc beaucoup pour que bébé ne manque pas de liquide.
Toute la journée, j'ai des contractions irrégulières. En fin d'après-midi, elles s'intensifient, toujours sans rythme régulier. Je me fais un toucher et je suis environ dilatée à 3cm. Nous allons nous coucher, persuadés que c'est pour cette nuit et que tout le repos possible sera bon à prendre. Je me couche dans la pièce préparée pour la naissance et je laisse Florian aller dormir avec les filles.
Vers 1h30, il vient voir si je dors... je ne dors pas, les contractions sont bien présentes. Il reste avec moi et je lui dit mon découragement devant ces contractions qui semblent hésiter... aux 15 minutes environ. C'est aussi un tournant pour moi: la poche est rompue depuis plus de 24h. un éventuel transfert sigifie 2ème césarienne... Si j'avais eu une sage-femme, elle aurait demandé le transfert. Je prends conscience que mon choix est le bon, mais je n'exclus pas un transfert si je sens que les choses ne vont pas. Mais ça va, même si le découragement guette. Vers 4h30, nous décidons de dormir, convaincus que finalement ce ne sera pas pour cette nuit.
Lundi: Florian ne part pas travailler... mes contractions et les 2 nuits passées m'épuisent. Je ne me sens pas le courage de gérer les filles, et aussi, je me dis que la naissance est pour bientôt, que j'ai besoin de tout le repos possible. La journée passe doucement, ponctuée de contractions environ aux 30 minutes. Je me dis que ça n'en finira jamais. Dur de garder courage. Dans l'après-midi, je me fais un toucher pour voir si au moins toutes ces contractions ont au moins servi à quelque chose. Je suis environ dilatée à 5cm. Au moins ça avance un peu. En touchant, j'ai senti la tête du bébé sur le col et j'ai eu la nette impression qu'il essayait de tourner. Il était toujours en postérieur, dos contre mon dos la veille.
Vers 17h, j'ai la nette impression qu'il faut que bébé naisse ce soir. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un sentiment d'urgence. Les contractions se rapprochent au 10 minutes et se font plus régulières. Je ne peux pas objectivement dire qu'elles sont plus intenses, mais je sens un changement subtil. Vers 21h, Florian couche les filles. Je suis dans ma bulle depuis un moment dans la pièce préparée pour la naissance. Il y un matelas protégé, des coussins, un ballon, une chaise, les ciseaux stérilisés, etc. J'essaie de respirer avec chaque contraction et d'accepter la pression.
Une fois les filles couchées, Florian me rejoint. Je n'ose pas lui dire, mais les contractions étaient plus gérables quand j'étais seule. Je parle avec lui, je lui dis que j'en ai marre que rien n'avance, qu'il faut que ça finisse bientôt, que je m'épuise. Nous parlons un moment et en regardant l'heure pour rigoler, nous constatons que les contractions se sont rapprochées, au 5-7 minutes environ. Elles prennent en force et je sens que je dois faire un son pour les aider à passer. Je reste assise, les jambes en tailleur, le dos appuyé contre le mur. Ca reste gérable. Je me dis que rien ne dit que cette nuit sera la bonne, me demande si je ne ferais pas mieux de me coucher et me reposer au cas ou ce ne serait encore pas pour cette nuit.
Nous nous sommes donc allongés et les contractions ont encore pris en intensité. A partir de là, je suis incapable de faire un récit chronologique... c'est juste comme si une tempête m'avait emportée.
Un moment après, j'ai demandé à Florian d'aller mettre l'écharpe de portage pour que je puisse m'y suspendre. Je sais que j'ai passé pas mal de contraction acroupie et suspendue à cette écharpe. J'ai aussi passé un peu de temps debout ou couchée sur le côté avec une jambe surélevée pour souffler un peu.
Je me souviens avoir sangloté, pleuré, crié. J'avais l'impression que ça ne s'arrêterais jamais, que ce bébé ne naîtrait jamais, que je n'arriverais jamais à m'ouvrir assez. J'ai même parlé d'hôpital à un moment et je me souviens que Florian m'a dit: mais non, tu es formidable, tu vas y arriver.
Plus tard, je n'en pouvais plus, je me suis jetée sur le matelas, couchée sur le côté... 2 contractions plus tard, j'ai à nouveau perdu les eaux et à en juger par l'odeur ensuite, j'ai également uriné. Tout à coup, j'ai commencé à sentir une grosse boule dans mon bassin et une sensation de poussée. Je me suis mise à 4 pattes et j'ai commencé à accompagner cette poussée avec mon souffle. Les douleurs de quelques minutes auparavant avaient disparu. Je ne sentais que la pression de la tête et mes bras qui tremblaient. Quelques contractions plus tard, je poussais pour accélérer la sortie de bébé, je voulais vraiment que ça s'arrête. Soudain, la tête est sortie... gros soulagement. A la contraction suivante, le reste est sorti et bébé est arrivé sur le matelas. Il a pleuré pour ainsi dire dans la seconde qui a suivi son atterissage. Je me suis tournée, je l'ai pris. Il était un peu violet et avait le cordon serré autour du coup. Le cordon était déjà blanc, il avait cessé de battre. J'ai enlevé le cordon et j'ai tenu bébé la bouche vers le bas pour qu'il puisse respirer. Il n'a pas tardé à crier encore 2 fois et je l'ai pris contre moi. Il est 0h35.
J'ai dit à Florian: le cordon ne bat plus, on va pouvoir le couper pour s'installer confortablement avec bébé en attendant le placenta. Il a pris le cordon en coton et l'a noué autour du cordon et l'a ensuite coupé. J'ai alors vu, presque par hasard, que c'était bien un garçon, comme mon intuition me le disait. Kilian était né.
Je l'ai séché à l'aide d'un grand drap de bain et nous nous sommes installés l'un contre l'autre au chaud sur le matelas. Florian s'était rapidement occupé d'enlever ce qui était mouillé suite à la naissance pour que nous ayons chaud. Après un moment, une dizaine de minutes je pense, Kilian s'est mis à téter. Je me souviens avoir pris mes pulsations cardiaques et palpé mon ventre pour savoir si l'utérus continuait bien à contracter et si je n'avais pas de signes d'hémorragie. Tout allait bien alors je l'ai laissé téter.
Kilian a fini par lâcher le sein en dormant donc je me suis levée pour le placenta. Je me suis acroupie sur une bassine et j'ai poussé un petit coup et le placenta est tombé. Il semblait entier. Il était 1h40. J'ai également perdu un peu de sang, mais j'étais rassurée par la bassine qui me permettait de vraiment visualiser la quantité. Florian, qui a regardé bébé naître, m'a dit que j'avais déchiré. Lorsque ça s'est calmé, j'ai demandé à Florian de m'aider à mettre une culotte et une serviette. Ensuite, je suis allée me laver un peu. J'ai ensuite demandé à Florian à quoi ressemblait la déchirure. J'avais préparé un miroir pour regarder moi-même mais j'étais incapable de me souvenir ou je l'avais mis. Il me décrit la déchirure et je comprends que c'est une déchirure de 2ème degré. Je lui dis que vu que je ne fais pas d'hémorragie, la déchirure n'est pas une urgence, je verrais comment je me sens au réveil. Nous allons donc habiller bébé car le drap de bain dans lequel il dormait était humide.
Je me sentais faible. J'ai repris mes pulsations cardiaques: normales. J'ai pensé que je devais être en hypoglycémie et j'ai envoyé Florian me chercher à manger. Ca m'a fait du bien. Ensuite, nous sommes allés dans la chambre familiale pour dormir. Isabelle s'est réveillée, elle est venue faire un bisous à Kilian et nous nous sommes tous endormis.
Vers 5h30, je me suis levée pour aller au toilette. En m'essuyant, je prends la mesure le la déchirure qui saigne pas mal. Je comprime le saignement avec une serviette hygiénique propre et je réveille Florian en lui disant que je pense qu'il faut recoudre cette déchirure. Il téléphone à mes parents pour que ma maman puisse venir garder les filles pendant que nous allons à l'hôpital. Elle dit qu'elle réveille aussi ma soeur et qu'elles viennent. Florian appelle aussi l'hôpital pour les avertir qu'on arrive pour me faire recoudre dès que nous pouvons partir.
A 7h, ma maman et ma soeur arrivent. Amélia et Isabelle se réveillent, font un bisou à Kilian. Je mange et nous nous préparons à partir.
A l'hôpital, nous avons un bon accueil, personne n'essaie de nous culpabiliser de notre choix. Je me fais recoudre. Kilian tète. Un pédiatre passe le voir et tout va bien.
Nous rentrons à la maison. Nous dormons un moment, bien contents que quelqu'un soit là pour les filles. Et voilà, nous sommes 5.