(2/3 ANA + 1/3 AAD) Elorn, le 16.06.07

Ton histoire débute par une longue attente. D’abord, l’attente de ton papa… Passé, la rencontre, l’attente de ta conception. De longs mois à espérer que tu t’installes tranquillement au creux de mon ventre, mais tu ne viens pas. Il nous faudra, à ton papa et à moi, un coup de pouce de la médecine pour enfin te concevoir. Le 7 octobre 2006, après la deuxième IAC, le test est enfin positif. Je n’ose y croire. C’est le début d’une merveilleuse aventure… Profondément réparatrice pour moi, ta maman.
Mon terme est prévu pour le 18 juin 2007. Dès le début du mois de juin, tout est prêt pour ta venue. Nous t’attendons… J’ai des périodes contractiles avant l’heure : le samedi 2 au soir, le samedi 9 aussi. Le mercredi 13 également, mais ça n’est pas encore ça… Ça me fatigue un peu et je dois bien reconnaître que ça m’agace, tant j’ai hâte de voir enfin ta frimousse !


Samedi 16 juin 2007

2h du matin
Ça fait un moment que je me retourne dans mon lit avec des douleurs de ragnagnas… Sans plus, mais je n’arrive pas à m’endormir… Tiens, j’ai une contraction… Puis quelques autres… Et allez, c’est repartit pour un pré-travail, je me dis… Je décide de prendre une douche… Je préviens Zard. Finalement, il en prend une aussi.
Je sors de la douche et m’installe sur mon ballon. Les contractions sont toujours là mais largement supportables... Un peu plus fortes que les autres fois et régulières à 5 minutes, mais je ne suis pas encore convaincue… J’ai un temps de récup entre chaque contraction dont je profite pleinement en blaguant avec Zard qui note consciencieusement chaque contraction sur un bout de papier. On discute de la marche à suivre… Déposer Iwen chez sa nounou, appeler Françoise. Lui, il s’y voit déjà. Moi, je me méfie, au vu des fausses alertes que j’ai déjà eu. Et comme on est en pleine nuit, je préfère attendre que ça s’intensifie plutôt que de risquer de déranger tout le monde pour rien…

2h43
Une contraction plus douloureuse me surprend. Ouch, là ça commence à vraiment faire mal… Je respire à fond pour apporter à mon bébé l’oxygène dont il a besoin… 5 minutes plus tard, une autre contraction de même intensité… Puis d’autres… Euh ? Là, si c’est toujours de la fausse alerte je crois que je pète un câble ! Je commence à y croire un peu tout de même…

3h00
Je réclame un bain que mon chéri me prépare avec amour… Je m’y plonge… Ah que ça fait du bien… Zard a branché la guirlande de lampions sur l’étagère de la salle de bain, donc c’est ambiance tamisée… Trop bien ! Je lui d’appeler la nounou, ce qu’il fait entre deux contractions… Iwen dans les bras, enroulé dans une couverture, les yeux à peine entrouverts, ils passent me faire un bisou avant de filer dans la nuit. Je dis à mon fils que je l’aime… Je suis émue… Je sais que quand je vais le revoir tout à l’heure, il sera grand frère ! Wouha ! Mais je n’ai pas le temps de m’attarder à mes états d’âme, car les contractions sont toujours là (et bien là !), intenses, douloureuses… Je prends de grandes inspirations quand elles arrivent et expire en faisant de longs « ou ». J’avais lu que les « o » aidaient à ouvrir le col, ben je n’arrive à sortir que des « ou », tant pis ça fera très bien l’affaire… Je sens que ça avance, même si je n’ai aucune idée de « où j’en suis »… Je rajoute régulièrement de l’eau chaude pour ne pas que le bain refroidisse. La chaleur me soulage… J’ai besoin de me suspendre entre les contractions , mais pas de treuil au-dessus de la baignoire. Damned ! Tant pis, je fais sans…

3h40
Zard est revenu. Il appelle Françoise… J’entends des bribes de la conversation… Aïe ! Je crois comprendre qu’elle est déjà réveillée par une autre maman en travail. Je le laisse gérer, de toute façon, je ne calcule plus trop. Je suis dans ma bulle… Il passe des coups de fils entre deux contractions, rappelle Françoise. Je comprends qu’ils essayent de faire venir une autre SF mais n’arrivent pas à la joindre…
Pendant les contractions, Zard est à mes côtés et fait ce qu’il peut pour m’aider… Je lui dis ce besoin que j’ai de me suspendre. Il met son bras en travers de la douche au-dessus de moi et je m’y suspens tout en continuant mes « ou », pour ne pas rester complètement assise en appui sur mon derrière. Ça soulage grandement !

4h00
Je suis toujours dans mon bain et plop… Je sens un « truc » qui tombe… Koikecé ? Bouchon muqueux ? Je dis à Zard qu’il faut que je me lève vite… Que je veux aller aux toilettes… Il m’aide à sortir du bain… Je vais aux toilettes… Je n’y fais rien, mais j’ai l’impression d’avoir un peu envie de pipi & popo…
Je me relève… Heu, ça contracte et paf, ça coule… Je pousse un cri à la fois de douleur (car je suis debout et ça n’aide pas à gérer) et de surprise… Zard me dira après que ce fut mon seul « vrai cri » de tout l’accouchement… Il est au téléphone avec Françoise… Il raccroche et me dit « elle arrive » (elle a senti l’urgence en m’entendant) et me demande ce qu’il se passe… Je lui réponds que ça coule, les eaux sûrement, le bébé arrive ! Je suis debout devant la baignoire, penchée en avant. Je ne me souviens plus si je m’appuie sur quelque chose ou pas… Ça coule un peu sur le tapis de douche… Zard attrape un bol en plastoc pour recueillir le liquide… Je l’engueule presque… J’ai une autre urgence là, il faut que je retourne sur le lit… Il y a un couloir de 5 mètres, super étroit jusqu’à mon lit et je ne me sens pas de marcher ! Il le faut pourtant… « Aide, moi s’il te plaît, le bébé arrive ! » Il pose le bol immédiatement et me soutient comme il peut dans le couloir… Je lui répète que le bébé arrive… Il me dit « mais non, on a le temps, ça va aller, Françoise arrive »… Je ne sais pas par quel miracle j’arrive jusqu’à mon lit et je me mets immédiatement à quatre pattes dessus.
Je réclame des compresses d’eau chaude sur le bas du dos… Que mon chéri file chercher illico… A peine m’a-t-il appliqué la première, qu’il s’exclame : « mais, mais je vois les cheveux ». Ben évidemment, je ne suis pas en train de tricoter mon amour ! Si je te dis qu’il arrive ! Au même moment une contraction, je pousse et paf la tête sort !
Zard enchaîne « mais, mais, c’est la tête, je vois la tête…Oh là, là, C’est la tête de mon bébé que je tiens dans mes mains ! »…Sa voix tremble. Je sais qu’il est en larmes… La petite tête se met à gémir doucement … Le bébé est encore à moitié en moi et il gémit ! Je ne le vois pas encore, mais je l’entends… C’est assez étrange comme sensation… Le temps est comme suspendu… Une autre poussée… Il sort un peu plus… Zard me dit qu’il voit une main. Puis il s’écrit « mon dieu Weef., il a le cordon autour du cou, le cordon Weef ! » je sens de la panique dans sa voix…
Pourtant, je ne m’affole pas… Il faut croire que cette fois, moi qui doute de tout, je sais au fond de mes tripes qu’il va bien… Je lui dis de ne pas s’inquiéter… Euh, d’habitude, c’est lui qui me dit ça !… Il me demande quoi faire : « Surtout rien ! Mets juste tes mains dessous pour amortir éventuellement la chute ». Je m’entends encore lui dire que s’il n’y arrive pas, c’est pas grave ; qu’il n’y a que 20 cm jusqu’au matelas et qu’il est mou ; que le bébé ne peut pas se faire mal… Une quatrième poussée et là bam ! Je sens passer tout le corps de mon bébé, j’ai la sensation de me vider. Le reste des eaux tombe aussi ainsi que le méconium que notre poussin nous fait en sortant… En un éclair, Zard déroule le cordon pendant que je me retourne en position semi assise... Je demande « alors ? »… Je veux savoir, ce que la nature nous a réservé comme surprise… Je crois qu’il a déjà vu le sexe, mais comme il était en train de dérouler le cordon, c’est ensemble que nous découvrons que c’est un petit garçon… Mon intuition était la bonne… Je le savais au fond de moi… Il est 4h20, Elorn est né…

4h20
Mon poussin grogne un peu. Je ne peux pas vraiment appeler ça des pleurs car c’est très doux… Je m’installe comme je peux sur les coussins. Zard me passe une serviette pour sécher le bébé et une petite couverture pour lui tenir chaud… Le téléphone sonne. Françoise est à Gare du Nord, Zard lui dit que le bébé est là et lui indique l’itinéraire le plus court. Il raccroche rapidement. On fait connaissance avec notre bout de chou. Il tète un peu… On ne réalise pas ce qui nous arrive… Ça semble tellement irréel !

4h40
Françoise arrive et nous félicite pour notre beau garçon qui a maintenant 20 minutes de vie… On s’occupe du cordon… Elle vérifie mon périnée… Eurêka, il est intact ! L’épisio d’Iwen n’a pas lâché. Juste une petite éraillure de 2mm sur la lèvre, donc pas la peine de recoudre pour si peu…
Le placenta n’est pas encore sorti… Je contracte… Ça fait mal et j’en ai assez. J’ai envie d’être peinarde avec mon bébé et que ça soit fini… Je passe Elorn à son papa en peau à peau et j’essaye différentes positions pour expulser ce foutu placenta qui met limite plus de temps que le bébé et sort une bonne heure après la naissance avec l’aide de Françoise qui me masse un peu le ventre car elle voit bien que j’en ai marre… Heureusement, il est entier… Cette dernière phase de l’accouchement porte décidément bien son nom de délivrance : je suis délivrée physiquement et en même temps la dernière inquiétude s’envole : tout est bien qui finit bien. Mon bébé et moi nous portons comme des charmes… Nous n’aurons pas besoin de soins post-nataux spécifiques à l’hôpital et nous pourrons donc rester chez nous.
Je demande à peser Elorn… Les échos l’annonçaient beaucoup plus petit qu’Iwen, aux alentours de 3,400 kg… J’ai toujours pensé que l’écart avec Iwen (4,140 kg à la naissance) ne serait pas si grand… J’avais parié sur 3,800 kg… Et c’est exactement ce qu’il pèse ! On le mesurera plus tard… Françoise s’en va vers 6h du matin. Elle retourne voir l’autre maman qu’elle a laissée et qui n’en était qu’au début du travail.
Zard s’affaire à refaire un lit propre et à rassembler les poubelles… Je fais un brin de toilette avec un gant mouillé, je me change… On se pose pour un long moment intime à 3…

8h30
Zard appelle la nounou pour aller chercher Iwen. Je l’entend dire que c’est un garçon, mais qu’on aimerait qu’Iwen le découvre lui même. Quelques instants plus tard, je vois mon grand, qui d’un coup me paraît beaucoup plus grand que la veille au soir (dingue !) arriver près de mon lit… Il regarde les petites mains, les petits pieds, caresse la petite tête. Puis, on ouvre un côté de la couche. Il dit que le bébé a le même zizi que lui et que c’est un petit frère. Elorn est juste en couche… On décide de l’habiller un peu. Iwen observe avec attention. Puis, on va tous les 4 dans la cuisine… On mange des croissants et des pains au choc frais en famille, pendant qu’Elorn, 5 heures de vie à peine, tète… C’est notre premier petit-déjeuner à 4, en toute intimité… Le bonheur !

Voilà l’histoire de ta naissance…
Ta naissance, mon amour, c’est aussi ma revanche sur la vie… Une double revanche même…
D’abord parce que grâce à ton papa et ton grand frère, j’ai pu goûter à un bonheur qui m’était inconnu jusque-là : celui d’attendre un bébé en couple et même en famille.
Ensuite, parce que si nous n’avons pas pu ton papa et moi te concevoir naturellement dans notre lit sans médicalisation, tu es par contre né dessus en notre seule présence…
On souhaitait un AAD et c’est quasiment un ANA que tu nous as offert, mon petit chéri. Pour cela et pour tout ce que tu nous fais partager depuis déjà 9 mois, nous ne te remercierons jamais assez. Merci, mon fils, d’avoir choisi de naître ainsi. Merci, mon fils, d’être là tout simplement.

Pour ma part, je suis toujours sur un nuage !
Merci encore Weef et Elorn de m'avoir permis de vivre cette aventure !

wahou!!!! Quel splendide récit! je comprend que tu sois encore sur un nuage weezard!

Magnifique merci à vous!

que dire devant un recit comme celui la ... quelques larmes m'empechent de trouver les mots ...

C'est génial, quel super accouchement !

Un merveilleux cadeau de la vie

olala c'est magnifique, un rêve....

quel bel accouchement

Super j'ai eclaté de rire quand tu as dit que Weezard t'as dit on voit les cheveux et toi bah oui tu crois quoi que je fais du tricot!!!!

Morte de rire j'imagine le moment, et je te vois dans la salle de bain debout avec le liquide qui coule.
Cela devait etre comique tout de même!

FELICITATIONS A CETTE NOUVELLE GRANDE FAMILLE!

C'est superbe

oh la la.........j'ai les larmes aux yeux........
c'est une merveille cet accouchement

plein de bisous de ma part pour

repose toi bien !
(et demande à ton zhom de te faire un bouillon de poule)

Merci pour ce magnifique récit

heureusement qu'il n'y a encore personne au bureau parce que j'ai l'air maligne moi à pleurer devant mon ordi

j'en pleure tellement c'est beau

j'ai pas trouvé de smiley qui convient tellement je trouve cette naissance magnifique...

je l'ai lu hier soir et je n'ai pas réussi à me la sortir de la tête de la nuit.

j'ai beaucoup pleuré d'émotion, de joie et aussi de tristesse car c'était exactement la naissance que j'avais imaginé pour tao!

je suis heureuse que tu ais pu vivre tout ça et que weez ait pu vivre ça lui aussi

à vous 4

ps: une p'tite photo

Moi de même, c'est tellement beau que
Encore en y repensant ce matin j'ai eu les larmes aux yeux.
Effectivement quel magnifique cadeau de la vie!

Wow, moi aussi j'en pleure ! C'est superbe ! Et que d'émotions !

La Perfection! Oui!

Wow, Weef, il est vraiment, vraiment beau, ton texte!
Je crois que je n'ai jamais autant pleuré devant un récit d'accouchement...

Ce sera mon coup de coeur du jour qui me fait oublier les moments difficiles qu'on peut vivre parfois comme maman et qui me conforte dans mon idée que le troisième c'est pour bientôt!

MERCI! C'est magnifique, j'ai qu'une hâte: de faire lire ça à monsieur ce soir!

C'est magnifique oui ! Quel beau cadeau vous vous êtes tous fait !

De l'émotion, de la tendresse, plein d'amour....

Wahou, c'est une naissance fabuleuse !!!! un sans faute

On sent le bonheur dans tout son récit

Tu me fais pleurer de bonheur tellement ton récit est beau, Merci de partager ça. C'est magnifique

Merci Weefrog ! C'est tellement émouvant et merveilleux. Merci de nous avoir fait partager ça...