Les médicaments sauvent des vies, bien sûr, mais leur surconsommation du fait de la politique insidieuse des labos est aussi un gros problème de santé publique...
Chaque année en France, les maladies iatrogènes, c’est-à-dire provoquées par les médicaments, sont responsable de 5% à 10% de la totalité des hospitalisations soit 140 000 par an dont plus de 13 000 décès. C’est beaucoup plus que les accidents de la route (dont d’ailleurs de 8 à 15% seraient dus à la prise de médicaments : la prise d’un somnifère équivaut par exemple, dix heures plus tard, à un taux d’alcoolémie de 0,5/0,8 gramme) mais qui s’en préoccupe ?!!!
Pas le gouvernement en tout cas qui vient de relayer aux oubliettes, à partir de la rentrée prochaine, l’enseignement sur les risques médicamenteux . « La moitié de ces accidents médicamenteux est évitable, mais il faut apprendre aux médecins à mieux prescrire » souligne pourtant Patrice Queneau, professeur en thérapeutique au CHU de Saint-Etienne et membre de l’Académie nationale de médecine.
Mais peut-être conviendrait-il de s’interroger, avant tout, sur la spécificité nationale qui fait de nous les champions d’Europe de la consommation de médicaments : en moyenne, cinquante boites ou flacons par an et par habitant ! Cela fait une boîte de médicaments par semaine, soit deux ou trois fois plus que nos voisins européens ! Deux fois plus par exemple que les Italiens qui ont pourtant, une espérance de vie supérieure à la nôtre ! Passé 75 ans, les Français prendraient même 5 à 6 médicaments différents par jour ! Pas étonnant que ce soit ensuite l’hécatombe... même s’il sera plus aisé d’accuser la canicule...
Mais pourquoi une telle surconsommation ? Le facteur principal tient à la puissance des lobbies pharmaceutiques en France et au fait qu’ils verrouillent la formation des médecins. La contribution publique à la formation continue des médecins ne s’élève en effet qu’à 70 millions d’euros par an, contre 300 à 600 millions d’euros côté labos !
« Les laboratoires assurent 80% du financement des agences chargées d’autoriser la commercialisation des médicaments. Ces mêmes laboratoires financent 98% de la formation continue des médecins, et les campagnes de promotion les ciblant ne sont pas sans effet sur leurs prescriptions. Conséquence, extraite du rapport [« Médicament : restaurer la confiance » publié par le Sénat] : « Lors de 74% des visites médicales, les effets indésirables du produit sont passés sous silence. » précise Samia Dechir, dans le magazine Marianne. (24 juin 2006)
Mais l’attitude des consommateurs est également en cause. Selon le Pr Claude Béraud, « 50% des patients qui consultent leur généraliste présentent des symptômes sans rapport avec une maladie. Il en va de même pour 30% des patients s’adressant aux spécialistes. » Bref, on va chez le médecin alors qu’on n’est pas vraiment malade. Et qu’attendons-nous ensuite du médecin ? Des médicaments pardi, sans réaliser que ces derniers affaibliront notre système immunitaire et, à terme, risquent de nous rendre vraiment malades ! Comme le précise le Pr Béraud, « les traitements médicamenteux échoueront régulièrement s’ils se substituent à une véritable écoute du patient. »
Le serment d’Hippocrate demande aux médecins de conseiller à leurs patients « le régime de vie capable de les soulager » et d’écarter d’eux « tout ce qui peut leur être contraire ou nuisible » On en est donc loin mais comment pouvons-nous exiger une médecine de qualité sans rémunérer correctement les professionnels ? Et comment réduire la consommation de médicaments sans responsabiliser financièrement les malades ? Ces solutions de bon sens sont évidemment combattus par les labos : le statut quo leur est beaucoup plus profitable ! Est-ce aussi la raison pour laquelle les politiques s’expriment rarement sur le sujet ?
Le Mendiant
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Sources :
Gélules de crise, Téléobs N°2209, 10 mars2007, Marco Mosca, p. 35
Prendre des médicaments : le meilleur chemin vers l’hôpital, Pratiques de Santé N°54, 22 juillet 2006, Alexandre Imbert, p.2
Accidents médicamenteux : Un arrêté qui fait mal, Le Point N°1797, 22 février 2007, Chritophe Labbé et Olivia Recasens, p.50
Jean de Kervasdoué : « Il faut tailler dans nos dépenses de santé », Capital N°183, Décembre 2006, propos recueillis par Anne Rosencher, p. 92
Lobby pharmaceutique : Emprise continue, Que Choisir N°444, Janvier 2007, p.5
Les médicaments sans tabou. Pièges, mensonges et vérités, Pr Claude Béraud, Librio, E.J.L., 2005
L’Aromathérapie, Dr Jean Valnet , Ed. Maloine / Livre de Poche, 1964.