"Dans les recommandations de l'ANAES (devenue HAS, Haute Autorité de Santé)
on trouvait aussi que le monitorage continu sur des personnes sans risques
particuliers augmente les interventions instrumentales. Je pense qu'il y a plusieurs
raisons a cela. La première c'est que le tracé des monitos n'est pas si facile à
interpréter et que souvent les soignants prennent une décision d'intervention sur
une "anomalie" sans aucune gravité, peut-être due à des mouvements de la femme
d'ailleurs (qui font bouger les capteurs). Quand le monito est intermittent, genre
10 mn toutes les deux heures, on ne voit pas ce genre de fausse alerte,
on voit plus les vrais problèmes, c'est à dire un rythme cardiaque
qui ne récupère pas la normale. Il est aussi démontré que le
monito continu n'améliore pas l'état de santé du bébé.
Ensuite il y a l'immobilité crée par le monito. Pour ne pas déranger
les capteurs, on fait presque toujours allonger les femmes en
leur demandant de bouger le moins possible. Ca induit une grande
passivité, une augmentation des douleurs en particulier quand on
accouche "par les reins", un travail plus long car le moins qu'on
puisse dire c'est que ca n'aide pas le bébé à tourner et à descendre.
Passivité plus douleur augmente la demande (et le besoin en effet !)
de péridurale, qui elle-même ralentit le travail, d'ou souvent
syntocinon. Les extractions instrumentales sont mulitpliées par environ
3 à 4 sous péridurale, pour beaucoup parce que les femmes ont de
la difficulté à pousser si l'analgésie est trop forte ou assymétrique,
mais aussi parce que l'enchainement du tout n'a pas aidé dynamiquement
le bébé à se positionner.
Bref, lors d'accouchements sans risques particuliers, le monito
en continu est uniquement iatrogène, il n'apporte que de l'inconfort,
voire de la souffrance, et des risques non négligeables, sans
apporter aucun bénéfice."
Cécile Loup
(J'aime bien les interventions posées comme ça
)