Adopter les enfants de l'Autre

au propre comme au figuré, une *vraie* adoption devant le juge et tout, ou simplement une adoption de cœur...

comment aime-t-on les enfants de l'Autre ? et aussi ceux de l'autre, celui ou celle qui nous a précédé dans le cœur et dans la vie de notre chéri(e)...

est-ce que c'est difficile de voir parfois des ressemblance avec l'autre parent, ou est-ce que ça fait juste partie du lot ?

pfiouh, je m'en pose des questions, à c't'heure !

Je suppose que tu es sur le point d'adopter alors?


L'amour et l'attachement se construit aussi avec le temps non?

Effectivement Bagh, ça gamberge dur!
Alors dans cette vie je ne me pose plus la question (Monsieur n'a eu qu'une vie...) mais dans une vie antérieure je me la suis posée!!!
A l'époque je me disais que tant qu'il n'avait pas d'enfant avec moi, je n'égalerai quelque part jamais l'ancienne... Finalement quand je me suis retrouvée enceinte, il a pris la poudre d'escampette et moi, j'ai fini par faire une fausse couche...
Et avec la petite c'était dur de trouver ma place, d'abord à l'époque j'étais jeune et pas encore maman alors elle avait du mal à me voir comme une adulte et sans compter que quelque part, je lui prenais son papa...
Bref, la relation que j'avais avec elle allait d'un extrème à l'autre aussi bien de mon côté que du sien... En présence d'autres enfants elle se montrait très possessive avec moi, ils n'avaient pas le droit de m'approcher, ni moi de jouer avec eux... Et d'autres fois elle m'en faisait voir de toutes les couleurs!!!
Mais finalement mes filles aussi m'en font voir!!! Alors...

peut-être que cette petite fille avait une relation compliquée aussi avec sa maman, entre amour-possession et amour-achat des sentiments

certainement la façon dont on va adopter ou pas les enfants de l'autre, et se faire adopter ou pas par eux dépend beaucoup de la relation qu'ils ont, eux, avec leur autre parent.

mes garçons ont une vision assez amusante des choses. ils trouvent qu'ils ont un super papa "de vacances", et voudraient un papa "de tous les jours" pour aller avec

et finalement c'est pas si bête, ça leur donnerait une figure masculine complète en deux partie sur laquelle ils pourraient construire leur propre identité de futurs papas...

sabrina a écrit:

Je suppose que tu es sur le point d'adopter alors?

du tout.

j'ai eu une relation immédiatement très forte avec la fille de mon amoureux, mais quelque chose s'est cassé. je crois qu'il n'était pas prêt à accepter ça... ce serait à lui d'en parler mais j'ai eu l'impression que comme il avait du mal à se positionner en tant que papa *qui veut la garde mais qui ne peut pas la prendre et qui souffre de les voir mal chez leur maman*, du coup quand je parlais de sa fille, que je voyais une petite fringue qui lui irait bien quand on faisait les courses ensemble, ou que je donnais mon avis sur sa coupe de cheveux , la remarque qui fusait en retour me glaçait, m'attristait, et petit à petit je n'ai plus ressenti que de l'amertume.

notre histoire familiale ensemble, également, si elle est courte, est riche en événements à dominante disons... dramatique.

et certains liens qui auraient pu (dû ?) se tisser à une époque n'ont pas pu s'établir correctement, pour des raisons encore une fois d'histoire familiale et de positionnement.

quand j'ai eu *le droit* de nouveau de parler d'elle, et même d'avoir une relation naturelle avec elle, la question de l'adoption ne s'est pas posée, parce que cette petite fille je la connais indépendemment de son papa. c'est avec elle en tant que personne que j'ai une relation, pas en tant que fille de son papa. et ça a été immédiat, de nouveau. on a échangé un regard et une phrase qui ont tout effacé.

je crois que le papa se pose plus de questions que moi mais je ne sais pas exactement lesquelles

sabrina a écrit:

L'amour et l'attachement se construit aussi avec le temps non?

si, certainement
si je dois avoir une relation de personne à personne avec le frère de cette petite fille, ça passera par les souvenirs qui se construiront, le fait de partager des événements du quotidien... lui, c'est "son" fils, et c'est de cette façon que je suis attachée à lui : il est le fils de son père et le frère de sa soeur. je le connais peu en tant que personne. je veux dire *au fond*

Après un divoce très douloureux, je refais ma vie avec quelqu'un qui a 2 enfants d'un premier mariage.

Nous les avons régulièrement à la maison et nos enfants respectifs s'entendent super bien. Au début j'appréciais de passer du temps avec sa fille d'une dizaine d'années, ma grande à moi ayant...3ans !! j'aimais beaucoup cette complicité qui naissait car nous avions des centres d'intérêt communs. Au fil de l'eau, j'ai découvert un peu plus son grand frère de 15 ans.

J'appréciais les moments avec eux mais sans plus je dois l'avouer.

Au fil des jours je préparais les week end que nous allions passer ensemble dès le début de la semaine et je me suis surprise à commencer à "les aimer" non plus parce qu'ils étaient les enfants de l'homme que j'aime mais parce qu'ils sont eux. Un jour ma belle-mère est venue à la maison et s'en est un peu prise à la fille de mon chéri sans raison apparente et sans réfléchir je me suis interposée et l'ai défendu c'est à ce moment que je me suis rendue compte que je les aimais comme s'ils étaient les miens. Je ne serai jamais leur maman car ils en ont une qui joue très bien son rôle mais ils sont comme mes propres enfants. Aujourd'hui ne fais aucune difference entre "nos enfants" et la plus belle des reconnaissances a été quand mon homme m'a dit "j'aurais aimé les avoir eu avec toi" car c'est aussi ce que je pense au plus profond de moi.

Cette adoption de coeur est un très beau cadeau de la vie.

shunie : ce que tu écris est superbe.

c'est vrai!

C'est gentil les filles !
Merci

Chanel n°5

bijour toi!

oui shunie c'est magnifique ce que tu dis

c'est vraiment un sujet délicat ça.
un sujet qu'il est difficile de traiter en tête à tête je pense.
j'ai jamais testé, mais je me vois mal dans cette situation.

Je vous livre ma vision personnelle, celle du père, ça peut aider dans le débat, en intéresser certain(e)s.

Alors, pour poser le cadre : mon fils et moi sommes très liés, bcp de temps de vie en binome, "nos" périodes où je lui consacrais 100% de mon temps libre, bcp d'activité en duo, bref on a vécu en autonome pdt 8 ans.
Et il a aussi sa mère, qui a tj tenu son rôle (en plus de celui de mégère à mon encontre... :p ).

Du coup, je ne peux pas dire avoir éprouvé le besoin de rechercher une mère pour mon fils.
C'est un "paramètre" qui n'entre pas, en général, en ligne de compte dans la vision du renouveau amoureux des pères, qui savent de leur côté pouvoir compter sur la mère pour continuer à tenir son rôle.
Ils peuvent donc parfois être moins enclin à "partager" leur progéniture.
Ceci expliquant peut etre, en particulier, les difficultés de Bagh évoquées plus haut.

Parce que la question principale reste, à mon sens, de savoir ce que souhaite l'autre et d'arriver à être en phase.

Depuis, avec la petite fille en question, se sont tissés des liens très forts... qui perdurent bien que je ne l'ai pas vue depuis plus de deux ans

Je me suis occupée d'elle, malade, exactement comme si elle était sortie de mon ventre, et son papa, cette nuit-là, a rouspété comme n'importe quel papa qu'elle prenait de la place dans le lit

J'ai passé des moments extraordinaires avec cette enfant, d'une complicité inouïe ; son petit frère aussi m'avait apprivoisée et réciproquement, ça avait mis juste le temps nécessaire.

Ce serait faux de dire que leur papa me manque ; cette relation a été trop douloureuse à maints égards, et s'est terminée en queue de poisson, tout comme je n'aime pas. Je regrette la part de "nous" qui était de l'amitié. Sa fille, en revanche, pourra débarquer chez moi dans dix ou vingt ans, je serai là pour elle. Je le lui ai dit, elle m'a crue, et elle a eu raison de me croire.

Je pense que tous les cas de figure peuvent exister. Tant il y'a de shéma différents (père/mère présente ou non...etc) et tant il y'a de personnes différentes avec des personnalités différentes.

Personnellement je pense que chacun doit avoir une place importante dans une famille pour que tout le monde soit épanouie. Et si cette place ne porte pas le nom de "père", "mère" ou "enfant de sang" ça ne lui enlève pas pour autant toute son importance.
Après, je crois aussi que les choses doivent se faire en douceur et naturellement.

c'est clair qu'il faut concevoir la place de chacun comme dans un tout
d'ailleurs j'ai connu une situation où je me sentais parfois exclus justement, du fait que mon amie d'alors avait construit une bulle pour elle et sa fille, infranchissable (en tout cas à moyen terme) du coup il s'était tissé, involontairement, une relation affective forte tri-partite :
mère et fille
moi et elle
moi et sa fille

mais pas de trio mère-fille-moi

et comme on habitait loin, le cas de figure "nous 4" avec mon fils était là aussi insuffisamment présent, ce qui a bcp pesé.
déjà parce que je culpabilisais de passer du temps avec une autre enfant, de vivre une vie de "famille" sans lui (en plus sur Montpellier quand mon fils restait bloqué en morne banlieue parisienne).

là, les choses sont plus fluides (mais pas sans accrocs), mon fils a grandi, la proximité de lieu nous permet aisément (avec mon fils) de vivre cette nouvelle cellule familiale ensemble.
Enfin... il éprouve qd même de la jalousie vis-à-vis des enfants de Margoton qd même

pour ma part, ça reste quand même culpabilisant/frustrant/rageant/attristant (j'ai un peu de mal à décrire ce ressenti, c'est un peu un cocktail de tout ça sans doute) de se dire qu'on peut consacrer 100% de son temps aux enfants de sa compagne et qu'il n'est pas possible d'avoir son enfant à plus de 50%...
et encore, j'entame juste les démarches pour la garde partagée, je suis loin des 50%

C'est sûr que dans le cas du papa (dans la mesure où la plupart du temps l'enfant vit principalement chez sa maman) ça doit être plus difficile à gérer, le fait effectivement de voir plus souvent les enfants de l'autre que les siens.